Les Marquises Avril-Mai 2017
Des montagnes ancrées au milieu
de l'océan, les iles habitées les plus éloignées
de tout continent. Pourquoi et comment les hommes sont arrivés
sur ces iles contre vents et courants dominants, cela reste toujours
un mystère.
Leur population qui était d'une
centaine de milliers de personnes avant que les européens
n'arrivent est tombée à 2000, ravagée par les
guerres, les maladies et l'alcool; elle est actuellement de 8 000
habitants.
Pour nous qui arrivons après
trois semaines de mer, c'est une explosion de couleurs , de senteurs
et de verdure et nous sommes émus par l'accueil des
marquisiens, très avenants, toujours prêts à
discuter. Chaque fois que nous revenons du village Hanavave à
Fatu Hiva , nous regagnons le bateau chargés de
pamplemousses, citrons ou autres bananes et papayes. Ces cadeaux
n'attendent pas forcément de contrepartie. Les marquisiens ne
sont pas dans un processus d'accumulation d'argent mais plutôt
dans l'échange de cadeaux ou dans le troc.
Il faut dire qu'ici la nature est
généreuse et qu'il y a peu de magasins pour dépenser
son argent. Le ravitaillement de ces iles est effectué par la
goélette (qui n'a plus rien d'un bateau à voile) qui
passe une fois toutes les 3 semaines et ramène sur Tahiti les
fruits et le coprah (chair séchée de la noix de coco :
production agricole principale de la polynésie, subventionnée
afin de maintenir une activité économique sur les
archipels).
Les marquisiens sont fiers de leur
identité culturelle à commencer par leur langue qui
n'est pas comprise des autres polynésiens. Ces dernières
années de nombreux maraes ont été restaurés
(ancien lieux de culte) ainsi que des tikis (sculpture de pierre des
divinités) Les marquisiens excellent dans le travail des tapas
( dessins sur des écorces d'arbres dont le liber est travaillé
jusqu'à lui donner la texture d'un parchemin),la fabrication du monoï, l'art du
tatouage, les chants et danses, la sculpture de la pierre,
du bois, des os, des dents de cochons ou de cachalots,la pratique du
surf et du va'a (pirogue à balancier),sans oublier la pêche et la chasse à la
chèvre et au cochon sauvage. Malgré cette identité
culturelle forte, les marquisiens sont très accueillants avec
les étrangers (cela viendrait de la necessité du
métissage pour éviter la consanguinité).mais
aussi car dans chaque famille il y a des parents ou des enfants qui
vivent à l'étranger.
Nous avons été surpris
par le noyau familial évolutif : il y a beaucoup d'adoptions
de petits-enfants par leurs grands-parents ou de neveux et nièces
par leur oncle et tante pour pallier un départ ou une
infécondité.
Une autre surprise est le nombre de
transgenres et la bonne acceptation de leur différence par la société: Mahu et Rae Rae. Plusieurs explications : à
l'époque des guerres des garçons étaient
déguisés en fille pour éviter d'être tués
par l'ennemi, et, jusqu'à nos jours il est bien que l'ainé
des enfants soit une fille pour s'occuper des parents vieillissant,
si l'ainé est un garçon on le considère comme
une fille et on l'éduque comme tel. Cela rejoint le « on
ne nait pas femme on le devient » de Simone de Beauvoir.
Nous sommes allés dans les six
îles habitées. Nous avons mouillé partout dans
de superbes sites, mais la plupart avec du roulis, beaucoup de fond et une eau très
rarement claire en raison des pluies abondantes que nous avons
subies.
Fatu Hiva :
C'est avec émotion que nous y
avons débarqué après notre traversée
depuis les Galapagos réalisant le rêve d'arriver en
Polynésie en voilier (dans le sillage des grands navigateurs
qui ont peuplé mes lectures de jeunesse et de Jacques Brel).
C'est aussi l'île où nous avons reçu le meilleur
accueil, vu nos premières marquisiennes avec des couronnes de
fleurs sur la tête ou la fleur de tiaré derrière
l'oreille.
Le mouillage dans la baie des vierges
(ex baie des verges en raison de pics rocheux phalliques rebaptisée
par les missionnaires) est magnifique au bord de falaises rocheuses
découpant une vallée profonde. La balade qui mène
jusqu'au village d'Omoa offre des points de vue sublimes sur le
mouillage, les sommets environnants. Elle m'a laissé des
courbatures pour une semaine (manque d'entrainement après la
traversée) et à Noelle des plaies d'ampoule qui
mettront un mois à cicatriser!
Un moment spécial d'émotion
: pour la messe de Pâques Umberto a débarqué de
son catamaran sa mère de 90 ans sur la chaise roulante sous le
regard admiratif et bienveillant de toute la population du village...
C'est aussi à Fatu Hiva que nous
avons retrouvé les copains navigateurs de Meli Mela, Toumim,
Panamax que nous reverrons tous au gré de nos escales
marquisiennes. Nous y rencontrons aussi le bateau Minimus, un bateau
américain de 7m arrivant de Californie sans moteur, les
avirons permettant les manoeuvres de port et de mouillage..
Tahuata :
Nous avons rejoint nos amis Québequois
Aline et Luc du bateau Oceana 1 dans la baie de Motupu. Nous
mouillons à côté d'eux mais la chaine se prend
dans du corail. En essayant de la dégager le davier se casse.
Le lendemain je plonge avec les bouteilles dans une eau boueuse où
on ne voit pas à 20cm pour dégager la chaine. Luc nous
a bien aidé dans la manœuvre de remontée de l'ancre.
Nous avons préféré
le mouillage de la baie de Hanamoenoa, peu de fond et eaux claires
permettant de trouver une zone de sable pour mouiller l'ancre sans
risque.
Hiva Oa :
L'île où Paul
Gaugin et Jacques Brel ont vécu. Ils reposent tous les deux
dans un cimetière sur le haut du village avec une vue
imprenable sur la baie. J'ai regretté de ne pas avoir eu des
CD de Brel pendant la traversée, j'aurais aimé faire
écouter à l'océan la voix inoubliable de cet
homme qui lui aussi a traversé les océans pour venir
s'installer ici; on se questionne pourquoi ici où tout vit au
ralenti , lui qui était un hyper actif, sûrement en raison de la gentillesse et du naturel de la population à des années lumières de l'ambiance showbiz de l' Europe..
Nous louons une voiture avec Françoise
et Joël de Toumim ,traversons l'ile recouverte d'une végétation
luxuriante de forêts de pins noirs et de pandanus, et visitons
les villages de la côte nord. Avec Meli mela nous faisons deux
magnifiques mouillages sur la côte nord un peu rouleurs comme
toujours aux Marquises. Jean Marie part avec un marquisien à
la chasse au cochon sauvage et revient avec une chèvre ! Nous
allons dans une vanilleraie sans vanille car l'abondance des pluies
a empêché la floraison. Nous rendons visite au peintre
Oberlin qui fait de très belles peintures sur tapa, ses
oeuvres originales valent vraiment le détour. En une nuit de
navigation nous rejoignons l'ile de Ua Huka.
Ua Huka :
Mouillages en solitaire avec
Meli mela
Premier mouillage dans la baie d'Hane
avec deux pitons à l'entrée ou nous faisons un débarquement chahuté et bien
mouillé (annexe retournée heureusement sans moteur)
dans les rouleaux. Le village est très paisible, les seuls
bruits sont ceux d'un sculpteur.
Nous quittons ce mouillage trop agité
pour la baie de Haavei plus calme près d'un motu (ilot)
couvert d'oiseaux. Le site est impressionnant et nous gratifie de
superbes couleurs sur les falaises au sommets desquelles les chevaux sauvages paissent dans la prairie.
Avec Jean Marie nous allons à la
pêche sous marine . Il ramène 4 poissons et moi rien! Il
faut dire que je suis novice, j'ai acheté mon fusil à
Panama, je n'ai pas encore tiré un poisson.
Nous quittons pour Nuku Hiva en
escortant Meli mela dont le moteur fume blanc.
Nuku Hiva
La plus importante des iles, le
mouillage de Taiohae y est plus agréable car moins de fond,
plus de place et moins de houle. Par contre ce n'est plus un mouillage solitaire : il y a pas mal de
voiliers.
Nous profitons de l'escale pour
installer le nouveau génois (que nous avions réceptionné à Colon-Panama) et bricoler une réparation
du davier.
Sur le port les pécheurs
attirent les requins en vidant leurs poissons. Ils sont inquiets car
de gros chalutiers vont venir pêcher le thon dans le coin :
« Qu'est ce qu'on va devenir? Bientôt on va pêcher
des pierres »
En voiture nous allons dans les
villages du nord, les points de vue qu'offrent les pitons rocheux,
la forêt tropicale et la côte découpée sont
splendides. Les villages paraissent complètement endormis, les
panneaux électoraux avec la tête de Marine Le Pen ont
quelque chose de surréaliste ici au bout du bout du monde. De
chez Suzanne nous repartons la voiture chargée de bananes,
pamplemousses, citrons, n'ayant rien a donner Noelle lui laisse son
chapeau que Suzanne promet de mettre pour aller à l'église...
Le mouillage de Akatea épouse
parfaitement la forme du cratère qui le compose. On est abrité
sur 360° au pied de majestueuses falaises. Belle balade à
la cascade au fin fond d'une vallée encaissée et repas
chez Taiki et son épouse qui sont très natures : lui
est complètement tatoué sur la moitié du visage
et porte un monumental collier de dents de cochons sauvages qu'il
chasse au poignard!
Un peu tristes nous abandonnons
MeliUmela en attente de la pièce pour leur moteur et rejoignons Ua Pou la dernière des iles habitées des Marquises.
Ua Pou
Le mouillage de Hakahetau est
spectaculaire car au bout de la baie se dressent des pics dont les
nuages ne laissent entrevoir les sommets(1200m) que très rarement.
Visite chez Yvonne qui fabrique des
chapeaux avec les palmes, chez Manfred personnage allemand haut en
couleur qui fabrique du chocolat perdu au milieu de la forêt.
Repas organisé sur la digue par
des villageois pour les voiliers de passage.
Après ce mois passé aux
Marquises il nous faut les quitter, la tête remplie de la beauté
de leurs paysages et le coeur de la gentillesse de leurs habitants.
Pour les voileux :
En général les mouillages
sont rouleurs et profonds
Bien que le port d'entrée soit
Hiva Oa ou Nuku Hiva, nous sommes entrés à Fatu Hiva.
Nous n'avons pas été contrôlés et personne
au mouillage ne l'a été.
Internet est très peu développé.
Sur les Marquises quelques WiFi payant avec une carte Vini.
Fatu Hiva : Mouillage Baie des
vierges POS 10°27.811S 138°40.169W 20m de fond et la falaise
au Nord n'est pas très loin. Le mouillage en fond de baie est
parait-il de mauvaise tenue (gravier). Débarquement an annexe
dans le petit port au fond à gauche.
Tahuata :
Mouillage à Motupu devant la
digue mais attention corail, on y a laissé la moitié du
davier à déconseiller POS 09°54.197S 139°03.751
W. Préferer se mettre plus au nord.
Mouilage baie de Hanamoenoa POS
09°54.479S 139°06.318 sable, mais faire attention au corail.
Hiva Oa :
Atuona :Mouillage à l'abri de la
digue POS 09°48.233S 139°01.906W -m de fond: mais peu de
place. Certains mouillent avant et arrière, d'autres pas
problèmes assurés si le vent tourne, de plus quand une
goelette arrive ceux qui sont au dela des marques jaunes doivent
dégager et les autres peut être aussi (on n'y était
pas). A l'extérieur de la digue très rouleur et pas
mal de fond. Internet au sémaphore au dessus du chantier.
Débarcadère dinghy pas terrible, il est préférable
de mettre un grappin arrière mais beaucoup de chaines et corps
morts au fond et les requins trainent... Le mouillage est assez loin
du centre village mais le stop marche bien. Formalité d'entrée
à la gendarmerie.
Baie de Hanamenu : POS 09°45.826S
139°08.395 W par 10m de fond (on avait mis un orin mais avec le
courant il arrivait que l'on se retrouve sur sa bouée!)
Baie de Hanaiapa POS 09°42.852bS
139°00.959W par 15m de fond on débarque en annexe sur un
débarcadère du coté est.
Ua Huka :
Baie de Hane : POS 08°55.704 S
139°32.067W 9m de fond. Privilégier le débarquement
en annexe avec les avirons, sacs étanches et lunettes
attachées s'il y a du ressac. (ou mouiller l'annexe et nager
jusqu'à la plage).
Baie de Haavei : POS 08°56.668S
139°35.781W 11m de fond.
Nuku Hiva :
Baie de Taiohae : POS 08°55.064S
140°05.864W 12m de fond
Baie de Hakatea : 08°56.721S
140°09.921W 10m de fond . Bon abri, mais les rafales peuvent y
être, parait-il, très violentes.
Ua Pou :
Baie de Hakahetau POS 09°21.380S
140°06.375W 14m de fond
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Les Marquises loin de tout continent |
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Morgane se repose après la traversée dans la baie des v(i)erges |
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Fatu Hiva : Morgane est le deuxième bateau à partir du haut |
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Fatu Hiva en descendant sur Omoa |
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Ramboutans famille des Lytchies |
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Tapas : peinture sur écorce |
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Fatu Hiva : Coucher de soleil sur le mouillage |
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Fatu Hiva : On nous offre des mangues |
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Les pamplemousses des marquises |
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Bananes à cuire |
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La trdition du tatouage |
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Umberto et sa maman le jour de paques à Fatu Hiva |
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Noëlle enseigne la confection des filets |
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Une autre ile en vue |
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12 coqs ont été nécessaire pour ce chapeau traditionnel |
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La fleur de YlangYlang |
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Tiki ancien sur Hiva Oa |
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Mae ancien lieu de culte |
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La fleur de tiaré au parfum subtil |
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Séchoir à coprah |
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Les hommes portent souvent ces gros colliers avec les dents de facochère |
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La tombe de J Brel |
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En partance à la chasse au cochon il vient nous saluer |
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Nos gaillards partent à la chasse sous la pluie |
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Et reviennent avec une chèvre! |
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Meli mela et Morgane au mouillage Ua Huka |
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La graine de Tamanu qui guérit piqures et plaies |
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Le mouillage de Taiohae |
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La fleur de Pandanus utilisée pour le monoï |
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En partance pour la chasse sous marine |
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Pandanus (ou arbre qui court) utilisé pour les tapas |
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Sur la côte nord de Nuku Hiva |
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Belles gousses de vanille |
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Souvenir d’anthropophagie |
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Mouillage solitaire |
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Cascade de Vaipo |
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Mouillage à Ua Pou |
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Le Tiki de Ua Pou nous souhaite au revoir et bonne navigation |
Merci pour les photos de rêve et vos nouvelles gros bisous de nous deux
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