mardi 21 mars 2017

Les Galapagos : du rêve à la réalité



Les Galapagos : Du rêve à la réalité.


Depuis les récits de Darwin, de Helman Melville, de Bernard Moitessier, de Cousteau et d'autres, les iles Galapagos (ex Encantadas) ont bien changé au moins pour les navigateurs comme nous.

Ces iles relativement jeunes  (trois à dix millions d'années) situées à la conjonction de 3 courants dont un froid (Humbolt) et un chaud (du panama) et le courant de Cromwell possèdent une faune et une flore propres à elles.
 Elles attirent chaque année plus de touristes et la population locale (installée à partir des années 1935) a été multipliée par 5 en l’espace de 20 ans (30 000 habitants aujourd'hui).
Les règlementations deviennent draconiennes, et l’on ne sait pas toujours si elles sont là pour préserver l’état de l'archipel ou pour préserver les business des agences de charters, du parc et des organismes gravitant autour (douane, migration, fumigation..)  .
En tous les cas les bateaux de voyageurs comme nous ne sont pas encouragés à y faire escale.

D’abord le prix :  pour avoir le droit de s’arrêter dans 3 iles différentes (San Cristobal, Isabela et Santa Cruz) il faut payer plus de 1000 dollars sans aucun service associé (pas de marina, on est sensé garder nos ordures à bord).  De plus on est obligé de passer par un agent qui facture en sus  ses « services »
Et dans ces 3 iles pas question de mouillages dans des petites criques isolées (au moins pour nous, par contre  les gros charters à moteur eux ont le droit) mais mouillages obligatoires dans les baies encombrées des capitales de ces iles. Toutes les excursions doivent être organisées et accompagnées  d’un guide.
Le diesel nous est facturé 3 fois le prix de la pompe en ville (mais tout de même moins cher que chez nous !)…
Voilà pour le coup de gueule.
Galapagos, ce nom chante en moi depuis mon adolescence qu’y passer si près sans s’y arrêter m’aurait apporté trop de regrets.
Nous oublions vite le prix payé et profitons pleinement des deux semaines et demi que nous y passons.

Un peu avant notre arrivée à San Cristobal nous avons prévenu par mail  notre agent de notre arrivée. Une heure après avoir mouillé un taxi aquatico accoste le bateau avec 6 personnes : notre agent, l’officier d’immigration, un officiel du parc national et de l’environnement, un représentant de la capitainerie, un plongeur, un autre dont  je ne me souviens pas son rôle. Une septième personne nous rejoindra un peu plus tard pour la fumigation (encore une alors qu’on en avait fait faire une à Panama !) Tout ce petit monde a amené de quoi se sustenter : boisson et chips (il est presque midi !). 

L’immigration tamponne nos passeports et remplit un formulaire à signer ; la capitainerie (en bel uniforme blanc)  contrôle les papiers du bateau et remplit un formulaire à signer ; le plongeur remplit un formulaire à signer et plonge inspecter la coque ; le représentant du parc  inspecte le bateau, les denrées alimentaires que nous avons, les poubelles, le frigidaire (dont il se prend la porte sur la tête), ne nous fait pas de remarques sur notre WC chimique (acheté aux Canaries en prévision des Galapagos) que nous avions sorti pour l’occasion (et vite rangé ensuite), remplit un formulaire à signer. Le plongeur revient de sa plongée et déclare la coque propre, soulagement, nous ne serons donc pas refoulés. Le fumigateur arrive, nos 6 autres personnes débarquent, nous signons encore un formulaire pour la fumigation, et quittons le bateau pendant 4 heures le temps de laisser la fumigation agir. Voilà les formalités d’entrée effectuées en une heure et demie  sans avoir eu à se déplacer.

Maintenant à nous les Galapagos !!
Le premier contact se fait par l’odeur et les cris au débarcadère des taxis aquatico : ce sont les otaries qui dorment et se prélassent sur les escaliers qui descendent dans l’eau, sur les bancs réservés à l’attente des passagers, sur les quais, sur et dans les annexes, bref partout. Il faut parfois les enjamber pour pouvoir passer. Un véritable spectacle « son et odeur » !
La petite ville de San Cristobal n’a pas de cachet particulier : plus on s’éloigne de la mer moins les maisons sont terminées,  le front de mer en rocher volcanique noir est entrecoupé de petites plages de sable blanc que se partagent les otaries et les baigneurs.
A notre premier réveil nous trouvons une otarie endormie sur le banc du cockpit prête à prendre le petit déjeuner avec nous ! les défenses installées dans la jupe du bateau ne l’empêchent pas de revenir le lendemain. Elles sont agiles et souples ces grosses bêtes. Il faut 3 rangées de gaffes et manches à balai pour les convaincre de ne  plus monter. Sur un catamaran voisin nous avons  compté jusqu’à 6 otaries installées dans les jupes et le cockpit. Autant ces animaux paraissent gauches quand ils se déplacent à terre autant pour sortir de l’eau, pour plonger ou pour nager ils sont virtuoses…
En excursion en bateau autour de l’ile nous snorkelons autour de Leon Dormido un énorme rocher tout en falaise plongeant dans la mer. L’eau et trouble mais nous apercevons quand même des otaries, une raie manta (pas la géante, un requin et des raies. Le nord de l’ile plus sauvage  est  le domaine des frégates dont les males gonflent leur poche rouge qu’ils ont au cou pour charmer les demoiselles, les pélicans et les cormorans dont une espèce n’est plus capable de voler ; le besoin de voler ne se faisant plus sentir  tellement les poissons sont abondants (théorie de l’évolution de Darwin).
Les tortues géantes de l’ile  ont subi une surexploitation pour leur viande et carapaces, de plus leur habitat est menacé par les exploitations agricoles et les mammifères introduits par l’homme sont des prédateurs. Une écloserie permet de prendre soin des œufs et des tortues nouvellement nées. Au bout de quelques années elles sont rendues à la vie sauvage.
Chaque ile et même chaque volcan a sa propre espèce de tortue. Une tortue a été célèbre : dernière de son espèce Solitario George a été condamné à errer des dizaines d’années à la recherche d’une femelle de son espèce qui n’existait plus, jusqu’à sa mort il y  a quelques années signant la disparition de cette espèce…
En cette saison les iles sont relativement vertes car nous sommes en fin de saison des pluies.
Par un magnifique clair de lune nous naviguons  pour l’ile d’Isabela : nous assistons à des centaines de saut périlleux de raies que nous reconnaissons maintenant quand elles nagent à leurs ailerons parallèles.
Sur Isabela les otaries sont moins envahissantes, par contre les iguanes marins eux sont partout sur les plages, les rochers et les débarcadères (heureusement ils ne s’invitent pas à bord).  Ces iguanes ont appris à nager et à se nourrir de poissons. Ils sont vraiment d’une autre ère avec leur crête dorsale et  leur peau en écaille. Pas farouches  ils se chauffent allongés semblant dormir. Sur les plages on les voit sortir de l’eau et aller s’étendre sur les rochers noirs et chauds. Nous n’en avons malheureusement jamais vus en snorkeling.
Nous faisons une belle randonnée de 16kms pour aller sur le volcan Sierra Negra(seulement 3  millions d’années) à 1200m d’altitude avec vue impressionnante sur le cratère qui fait 10km de diamètre. La dernière éruption  date de 2005.
Au cours d’une balade à vélo nous croisons plusieurs tortues géantes en liberté. Elles se laissent approcher sans rentrer dans leur carapace. Ces tortues ont un cou long car elles doivent chercher la nourriture en  hauteur. A force de lever la tête un bourrelet s’est formé sur la carapace lui donnant une forme de  selle de cheval  d’où le nom de Galapagos . Le cou ridé et les pattes avec les écailles donnent l’impression de vieillards  même s’ils elles n’ont qu’une cinquantaine d’années et ont 100 ans encore à vivre !
Nous allons en excursion en bateau dans une zone appelée los tuneles : ce sont  des rochers de lave dans la mer lesquels forment de tunnels . Pour pénétrer dans  cette zone le pilote doit bien connaitre son cheminement car c’est un véritable labyrinthe. C’est ici que nous faisons nos plus beaux snorkeling : tortues peu farouches que l’on approche de très prés à toucher, requins à pointe blanche, nurserie de requins, raies etc… Tout cela dans 3 mètres d’eau ! Sur les rochers nous pouvons nous approcher de fous aux pattes bleus un bleu incroyable !
Le mouillage d’Isabela est le plus beau des trois, on y est abrité de la houle par des ilots de lave les tintoreras . On y a vu les pingouins. C’est quand même incroyable de voir des pingouins alors que la température est de 35°… Comme les otaries ils sont  si malhabiles sur terre et  si agiles dans l’eau. Melville est bien injuste dans la description de ces animaux si peu oiseaux mais pas non plus poissons…
Nous  naviguons ensuite vers Santa Cruz notre dernière escale aux Galapagos. En cours de navigation nous entrons en contact avec MeliMela  qui viennent de quitter Santa Cruz direction les Marquises. Nous leur souhaitons une bonne traversée. Cela nous replace dans le voyage et pensons maintenant à cette traversée vers les Marquises. D’autant plus qu’en jetant l’ancre nous voyons Toumim  qui s’apprête à lever l’ancre pour … les Marquises lui aussi.
Nous décidons de ne pas nous attarder, de faire notre approvisionnement, de réparer la pompe d’eau de mer de la cuisine, de mettre la chaussette de spi au clair et de partir nous aussi  pour ces 5500 km de traversée …..


Pour les  voileux

Nous avions pris contact avec Bolivar Pesantes (bolivar.pesantes@hotmail.com) agent à San Cristobal. Il nous a envoyé dans le quart d'heure un devis  complet. J'aurais alors du négocier le prix de sa prestation. Nous lui avons renvoyé les photocopies des passeports et des papiers du bateau. En arrivant sur San Cristobal l'Autografo (permis de naviguer) était prêt.

Nos mouillages :
San Cristobal/Baie des naufragés POS 00°53.780S 089°36.752W
Nous avons utilisé les water taxis (canal 14) pour épargner à notre annexe de servir de lieux de repos pour les otaries. J'ai fait réparer ma cloche de tangon chez le soudeur Bram .

Isabela Port Vilamil POS 00°57.909S 090°57.752W . Nous n'avons pas utilisé les water taxis mais notre annexe. AZttention ne pas tirer directement sur les pontons mais bien faire le tour par le sud car beaucop de roches affleurent à marée basse et attention au banc de sable en arrivant.

Santa Cruz Acadzlia Bay POS 00°44.832S 090°18.486 W  Mouillage très rouleur. Préférer se mettre côté Ouest de la baie avec mouillages à l'avant et à l'arrière. Water taxi sur VHF 14.

 
Beaucoup de monde remplissant des formulaires
Sur les marches du débarcadère

Bronzette dans les annexes


Le rocher Leon Dormido


Un mâle frégate fait le beau





Le pinson jaune



Fleur de cactus

Raie Léopard
Non identifié : oursin? corail?

Baignade avec une otarie un peu envahissante

Notre invitée surprise se réveille

Le mouillage de San Cristobal





Sur le cratère de la Sierra Negra


Accouplement de tortue. la femelle ne semble pas demandeuse...
Après le bain, les iguanes marins se  réchauffent sur les pierres noires






Sur l'équateur, des pingouins venus des pôles


Les Nazcas(nom local)

Fou aux pattes bleues
Tête de tortue sans âge


La boulangerie du village

Daurade coryphène au bout de la ligne

Des petits requins tournent autour du bateau au mouillage de Santa Cruz

Au marché aux poissons de Santa Cruz

Les pélicans aussi attendent leur tour

Achats de quelques hameçons chez Sr Lopez

Nos dernières course au marché pour la grande traversée

lundi 20 mars 2017

De Panama City aux Galapagos (Equateur)



De Panama City aux Galapagos  (Equateur)

Les Galapagos j’en rêve depuis l’age de 15 ans quand je lisais la longue route de Bernard Moitessier et autres récits de voyageurs.

Mais avant d’affronter la réalité du rêve il y a encore une navigation de près de 900 miles et de réputation pas toujours simple en raison des courants et du manque de vent.

A Panama city nous faisons nos courses en prévoyant pour 5 à 6 mois hors les vivres fraîches.Nous ne trouverons plus de grands supermarché avant Tahiti (à 7000 km !).  C’est dire si tous nos equipets,  placards et rangements sont pleins. On a encore peur d’oublier quelque chose malgré les listes faites et refaites. 

Au mouillage nous retrouvons jour après jour des amis qui sortent du canal (MeliMela, Oceana1, Neptunus, Toumim..) 
Nous faisons la connaissance d’un couple de grenoblois Yves et Christine sur leur bateau  Orionde (clin d’œil à Claude S. et Seb M.).
 Beaucoup décident de ne pas s’arrêter aux Galapagos en raison du coût élevé de l’escale. Pour notre part, j’aurais trop regretté de ne pas être allé jusqu’au bout du rêve…

Après l’achat de pas mal de jerrycan de gas oil en prévision des calmes (le réservoir de Morgane est très petit : 185 l en regard de ces longues navigations) nous partons sur un archipel d’iles dans la grande baie de Panama : Les iles Perlas qui étaient réputées pour leur perles. Beaucoup de mouillages possibles. C'est un paradis pour les oiseaux : Des escadrilles de pélicans aux vols en V parfaits, aux nuées de frégates haut dans le ciel en passant par les rassemblements de fous ou de cormorans : il faut dire que les eaux sont poissoneuses; un banc de poissons a élu domoicile sous le bateau (recherchent-ils l'ombre?).
Nous sommes un peu déçus car l’eau est souvent trouble pour le snorkeling et un peu fraiche à notre goût. Nous y voyons beaucoup de raies. Les iles sont sauvages, les mouillages bien abrités, nous regrettons de ne pas rester plus longtemps.
Nous grattons la coque car aux Galapagos ils inspectent la partie immergée pour vérifier qu’il n’y a pas de concrétions. Dans le cas contraire vous êtes êtes renvoyés au delà de 80 km des côtes !

Dans un mouillage des Perlas nous retrouvons MeliMela et Orionde. Melimela doit rentrer sur Panama.
Avec Orionde nousfaisons notre dernier mouillage au Sud Ouest de l’île de Viveros. Très jolie baie sauvage bordée de gros rochers noirs (la roche) et blanc (le guano). Attention pour les voileux : Orionde a failli se retrouver posé sur des cailloux à la marée descendante (voir plus bas).
 Promenade à terre, on se fait offrir un régime de bananes vertes  que  nous nous partageons avec Orionde..
 Dans la nuit réveil sonore car l’eau est en ébullition , on se croirait sur un torrent tellement l’eau est agitée, sur un fond sonore ahurissant,  par des bancs de petites sardines qui passent un  mauvais moment attaquées par des  bonites. Impressionnant: 2 heures de vacarme.

Le lendemain (le 26 février)  nous partons en même temps qu’Orionde. Eux vont directement sur les iles Gambiers nous sur les Galapagos. Nous nous apercevrons deux jours puis nous nous nous perdons de vue, puis perte de contact AIS et enfin perte de contact VHF. Nous avons gardé le contact grâce aux mails (nous par téléphone satellite eux par radio BLU). Nous dépassons Umberto qui navigue sur son catamaran  avec sa maman de 90 ans puis c’est lui le lendemain qui nous rattrape quand nous rangeons le spi.
 Pendant 5 jours nous avons un peu de vent : grandes journée sous spi. Nous cassons notre tangon un jour où il nous aurait été bien utile, puis deux jours sans vent, un peu de moteur , passage de l’équateur et nous nous laissons porter par le courant toute une nuit pour arriver au matin à San Cristobal notre première escale aux Galapagos.
Belle arrivée avec les volcans de l’ile qui se détachent sur le ciel du petit matin aux couleurs orangées, et les premières otaries qui nagent près du bateau pour nous souhaiter la bienvenue.

Pour les voileux :

Nos mouillages aux perlas :

Contadora : 08°7.519N 079°01.769W par 6m de fond (possibilité de diesel au village).
Entre Chapera et MogoMogo 08°35.015N 079°01.194W 6m de fond
Viveros 08°27.644N 079°00.036W ATTENTION nous n'étions pas loin de rochers sur lesquels ORIONDE a failli se retrouver posé. Bien reter là où le Bauhaus indique le mouillage, ne pas aller trop à gauche au milieu de la plage comme nous l’avons fait.

Traversée vers les Galapagos :

 Beaucoup (dont Jim Cornwell) recommandent de passer à l’est de Malpelo ce qui allonge la route mais offre plus souvent des courants favorables. En fait nous sommes passés à l’Ouest de Malpelo comme nous l’a conseillé notre routeur et avons toujours eu du courant favorable entre 1 et 2 nœuds.


Raie Léopard

Morgane au mouillage dans les Perlas



Le régime de bananes est le bienvenu pour les semaines à venir mais une partie se terminera en confiture

Amérissage de pélican

Entre mer et ciel

Trois fous sur un bateau

Bon vent à  Umberto et sa maman de 90 ans en route pour les Marquises

Droit sur les Galapagos

Petit déjeuner et changement de quart

Fou au bec bleu et pattes rouges : on approche des Galapagos



La cloche de tangon cassée
Réparation de fortune

Quand c'est la vraie pétole le bateau n'avance plus!


Seul le fil de la traine crée une ride sur l'eau

On essaye de garnir le frigidaire..

Arrivée sur San Cristobal