Traversée des Galapagos ( Équateur ) aux Marquises (Polynésie française ) Mars Avril 2017
Vingt et un jours et quelques heures, c’est ce qu’il nous a
fallu pour effectuer cette traversée de 3000 miles à vol d’oiseau.
Vingt et un jours c’est long au début, pas vers la fin…(contrairement
à Woody Allen pour qui l’éternité c’est long surtout vers la fin ! )
Les premiers jours il faut trouver son rythme, arriver à
dormir en pointillé, s’amariner suffisamment pour pouvoir lire faire de la
couture ou autre. Le chemin parcouru est bien insignifiant sur la carte en
papier en regard de la distance qu’il nous reste à naviguer..
Ensuite,une fois le rythme trouvé les jours s’écoulent sans
qu’on ait vraiment conscience du temps qui passe.
Puis quand on est à quelques jours de l’objectif on se met à
calculer l’heure d’arrivée et là on ne sait plus si on a hâte d’arriver ou peur
d’en finir. Le temps s’accélère, les
jours passent vite, trop vite, pas assez vite selon l’humeur.
Enfin quand l’ancre est posée, le bateau s’arrête, ne bouge plus, c’est le
grand calme après 21 jours de mouvements et de bruits incessants, le temps lui
aussi fait une pause, un moment de vide !
,
Comme prévu il a fallu descendre au Sud pour trouver les
alizés et pouvoir faire route directe ou presque sur les Marquises.
Dans cette
première partie, peu de vent, pétole, des grains de temps en temps avec éclairs
(j’ai horreur de cela) bref c’est le pot au noir ou ZITC (zone inter tropicale
de convergence) cette zone où la force de Coriolis est nulle empêchant la
formation de dépressions et anticyclone, un casse tête pour les navigateurs.
Inutile de dire qu’on à hâte d’en sortir. Pour notre traversée vers le Brésil
cela avait duré 2 heures. Cette fois ci c’est le 6 ème jour que l’on traverse la
dernière ligne de grains pour trouver enfin les alizés. C’est incroyable comme
la transition est alors rapide : vent régulier de SE 14 nœuds, grand ciel
bleu avec de petits cumulus. C’est un peu comme se retrouver sur une autoroute
après avoir fait de multiples détours sur des petites routes sinueuses.
Les alizés plus ou moins forts, plus ou moins E ou ESE nous
emmèneront jusqu’au bout accompagnés quelquefois de grains avec pluie et
rafales.
Pendant toute la traversée nous sommes restés en contact par
mail avec 4 bateaux : Orionde partis des Perlas le même jour que nous mais en route vers les Gambiers sans
escale aux Galapagos,Toumim parti 4 jours avant nous des Galapagos, Oceana1,et
Panamax, famille Québécoise de 5 personnes partie 2 jours avant nous des Galapagos.
Nous nous échangeons nos conditions de météo, nos positions
sur la route, nos recettes de cuisines, les résultats de nos pêches etc. De
quoi se rassurer et ne pas se sentir
tous seuls sur cette route. Car il est vrai que nous sommes à l’écart des grandes
routes maritimes on ne voit personne. En
trois semaines nous avons aperçu un cargo et un bateau de pêche. A se demander
si l’AIS fonctionne. A 2 jours de l’arrivée nous avons eu l’écho AIS d’un
voilier que nous avons contacté par radio VHF.
Nous avons eu aussi des contacts mail avec nos proches et
quotidiennement avec notre routeur.
Beaucoup pensent que nous sommes hyper actifs que nous avons
beaucoup de choses à faire : il n’en est rien. Un des problèmes de ces
traversées c’est justement d’arriver à s’occuper.
Tout d’abord nous ne barrons jamais.
Quand on veut changer de cap (par ce que le vent ou le courant à un peu
changé en force ou en direction) et cela arrive deux ou trois fois maximum par
jour, on appuie sur un bouton !
Nous n’avons jamais viré de bord, mais seulement empanné
deux ou trois fois en 3 semaines.
Le réglage des voiles peut nous occuper trois ou quatre fois
par jours et cela pendant 10 minutes maximum.
Faire le point, vérifier la route et tenir le livre de bord
à jour peut nous occuper un quart d’heure.
Voilà pas de quoi occuper 2 personnes..
Évidemment nous n’avons pas de courses à faire, pas de magasins à moins de 3000
kms !
Ces traversées pour moi sont une occasion unique de se
réapproprier le temps, une sorte de retraite, une pzrenthèse..
Alors que faisons-nous de tout notre temps ?
Un peu de cuisine (en particulier du pain, des yaourts),
vérification des fonds et assèchement si nécessaire (nous avons eu des entrées d’eau par les
capots un peu voilés à cause de l’annexe posée dessus), un peu de bricolage (réparation
de la cloche de tangon, écoutes de génois à raccourcir à cause du ragage…), des
petites siestes pour compenser les temps de veille pendant nos quarts, de la
lecture, du sudoku et de la contemplation : contemplation de la mer à
chaque heure différente passant par tous les tons de bleu de blanc de gris,
contemplation du ciel très souvent peuplé de gros cumulus chantilly ou de gros
nuages gris annonciateurs d’un grainquelques fois traversé d’éclairs,
contemplation des étoiles avec leur mouvement indiquant le temps passé (la croix du sud nous guidant d’abord vers les
alizes, puis nous accompagnant sur bâbord avec la grande ourse sur tribord),
contemplation de jolis clairs de lune (le quart passe plus vite et plus
agréablement quand la lune nous tient compagnie), contemplation des vols élégants
au ras des vagues des pétrels, des plongeons des poissons volants, d’un jet de
baleine aperçu au loin, de 4 globicephales qui sont passés à toucher la coque,
d’un troupeau d’un millier de dauphins
en transhumance qui pendant trois heures nous ont dépassé certains nous
saluaient par un salto suivi d’un plat.
Suivant soncaractère ou son humeur chacun s’occupe à sa manière.
Ceci est le récit à l’eau de rose comme dit Noëlle, car il y a aussi des côtes moins agréables :
D’abord l’inconfort quand la mer est agitée. Tout déplacement à l’intérieur devient
pénible avec risque de se cogner violemment. Préparer les repas devient un
sport d’adresse et d’équilibre exigeant l’anticipation des mouvements du
roulis. A l’inconfort s’ajoute aussi la fatigue du sommeil haché.
Les orages sont aussi des moments où l’on se demande ce que
l’on fait là. On voit notre grand mât dressé vers le ciel et n’attendant qu’une
chose que la foudre lui tombe dessus ! On prend quelques précautions :
débranchement des antennes, rangement de GPS tablettes téléphones dans du
papier aluminium dans le four, on irait bien mettre un cierges à Notre dame de
la garde … on compte dans sa tête les secondes entre l’éclair et le tonnerre et
on se rassure quand l’orage s’eloigne.
Et puis il y a le stress inévitable dans ces navigations hauturières :
peur de percuter un OFNI, peur due au risque de défaillance du matériel (depuis la perte du mat au bris d’un passe
coque en passant par la déchirure des voiles, la panne du moteur…), peur de
l’accident du quotidien de la maladie
(le SAMU est bien loin..).
Il faut dire qu’on est loin de tout et qu’il ne faut compter
que sur soi (au milieu du trajet la terre la plus proche était l’ile de Pâques
à 1800km, puis les marquises et les Galapagos à près de 3000 kms chacune).
Sii on pense trop à tout cela on
risque de se gâcher les jolis cochers de soleil ou de ne jamais larguer les
amarres.….
Finalement après 21 jours nous apercevons une montagne
sortie de la mer à la fois heureux et un peu tristes. Fatu Hiva île la plus sud
des Marquises. Nous apercevons de superbes vallées plongeant dans l’océan mais
pas encore de trace de vie humaine. A l’approche du cap au sud de l’île nous
sommes rattrapés par une brume épaisse puis un
méchant grain (grosse averse,
rafale à plus de 40 nœuds), on retrouve un peu de calme après avoir viré le
cap, il fait nuit, nous rejoignons le mouillage guidés à la VHF par les copains
de Toumim,Melimela et Panamax qui allument leur projecteur.
En approchant du mouillage nous voyons le feu vert d’un
voilier qui arrive en même temps que nous : c’est Humberto qui voyage avec
sa mère de 90 ans : nous étions partis des Perlas le même jour et nous
arrivons ensemble mais lui ne s’est pas arrêté aux Galapagos !
Nous mouillons par 22 m de fonds. Le bateau est enfin au
repos. Nous nous embrassons….
Demain nous découvrirons cette très belle baie des vierges (ex baie des verges en raison de pics rocheux phalliques rebaptisé par les missionaires !).
La route jour par jour de Panama jusqu'aux Marquises avec étape aux galapagos |
Au mouillage à Santa Cruz (Galapagos) lespetits requins à pointe noire tournent autour du bateau |
On essaye des leurres maisons (idée d'Aline) sans beaucoup de succès |
Le matin ramassage des poissons volants échoués sur le pont pendant la nuit |
Réparation de fortune de la cloche de tangon |
La pluie aplatit la mer |
Noelle rééduque sa main gauche blessée à Bonaire |
Terre, terre Fatu Hiva après 21 jours de mer |
La coque a eu le temps d'héberger des pousse pied et de se salir |
Le bateau au calme dans la baie des v(i)erges |
Merci pour ce récit qui nous fait rêver... nous pauvres citoyens grenoblois ... Superbe photo du mouillage !
RépondreSupprimerDidier
Belle traversee, vive Morgane et son équipage....merci pour les points gps...Youmin et son timonier
RépondreSupprimerTraversée du Pacifique, excellents commentaires.
RépondreSupprimerJ'aie traversé également mais je n'aie eu que du beau temps