De retour au bateau après notre
virée en bus à Carthagène et après
avoir quitté Martine et Alain, nous partons quelques
jours dans les montagnes environnantes.
Nous aurions aimé
aller à la Cité Perdue, mais Noëlle avec sa main
dans le plâtre n'est pas partante pour marcher une semaine.
Nous allons à Minca (700m d'altitude) sur les pentes de
la Sierra Nevada (5700m) que nous n'apercevrons jamais ! Minca
est un petit village très fréquenté par les baba
cool qui peuvent venir fumer leur joint en toute tranquillité.
Nous marchons pour aller voir des
plantations de café et cacao complètement perdues dans
des fonds de vallée (Finca Victoria) ou perchée à
flanc de colline avec une vue magnifique (Finca Candelaria ). Cela
fait du bien de se dégourdir les jambes dans une fraîcheur
toute relative bien que chaque après midi nous ayons droit à
un déluge. On comprend pourquoi la végétation
est ici luxuriante.
A la marina nous nous lions avec un
couple de canadiens (Lise et Benoit sur Vomo) et nous nous apercevons
que nous avons des copains navigateurs communs (le monde des marins est petit).
Nous quittons la Marina pour aller à
Carthagène avec le bateau cette fois ci. Départ
tôt pour passer de jour devant l'estuaire de la Magdalena qui
charrie beaucoup de troncs d'arbres et autres OFNI. Effectivement
sous le vent de l'estuaire nous slalomons entre ces dangers et
arrivons au mouillage de Puerto Velero. Nuit tranquille dans un grand
mouillage en solitaire et le lendemain nous repartons pour
Carthagène.
L'entrée se fait par une brèche dans
un mur sous marin que les Espagnols avaient construit pour se
protéger des pirates. Le mouillage est spectaculaire : il
tient à la fois de Manhattan avec ses rangées de gratte
ciel et de Venise avec ses dômes d'églises de la vieille
ville. Le mouillage se fait sur 12m de fond qui paraît-il tient
très mal (heureusement nous n'avons pas eu beaucoup de vent)
avec du roulis généré par les bateaux locaux qui
passent à toute allure à vous frôler. Musique et
festivités; la ville fête pendant trois jours
l'indépendance d'avec l'Espagne.
Nous accueillons Geneviève et
Bruno qui nous accompagnent pour presque trois semaines.
Nous levons l'ancre le lundi,au revoir
la Colombie et mettons le cap sur le Panama. C'est une navigation de
160 miles. J'aurais bien aimé montrer aux méditerranéens
une belle navigation au portant avec des vents bien soutenus, mais à
cette saison les alizés ne sont pas encore établis et
nous sommes au près dans peu de vent ou même vent debout
et nous nous aidons alors du moteur. Ce fût 30 h de nav. pas
très drôle avec un gros grain la nuit (pluie, vent 30
noeuds, éclairs et tonnerre) qui a duré plus de
quatre heures. Il y a longtemps que je n'avais pas passé une
aussi mauvaise nuit en mer. La bonne surprise à été
la pêche d'un magnifique marlin d'une quinzaine de kilos. Le
remonter puis le découper (l'arranger comme le disent nos amis canadiens!) nous a occupé un bon
moment...
Nous arrivons le mardi vers 15h en vue
de Los Pinos.
Los Pinos est une des 364 îles
de l'archipel des San Blas. Elles forment une région
autonome du Panama la Comarca des Gunas. Beaucoup des îles sont
désertes, celles qui sont proches du continent sont habitées
par les indiens Gunas. Elles sont petites et surpeuplées. Les
champs se trouvent sur le continent sur des espaces gagnés sur
la forêt vierge et généralement inaccessibles par
voie terrestre.
C'est une région mal
cartographiée avec beaucoup de récifs de coraux très
dangereux pour nos voiliers. Le nombre d'épaves que nous
apercevons nous incite à la plus grande prudence. Nous
naviguons seulement de jour et gardons toujours notre trace comme un
fil d'Ariane pour pouvoir nous en retourner facilement.
Il y a longtemps que je rêve des
San Blas, en fait depuis une émission de tv où le
chanteur-navigateur Antoine avait indiqué que c'était
les plus belles îles qu'il avait rencontrées....
Nous n'avons pas été
déçus : par la beauté des îles
désertes un peu carte postale avec cocotiers et joli sable
blanc ( un peu trop souvent avec des déchets amenés par
la mer), les jolis mouillages tranquilles et solitaires avec
coucher de soleil embrasant la mer de couleurs flamboyantes,
snorkeling sur les coraux et épave; puis et peut être
surtout par l'émotion ressentie au contact de la population
Guna.
Ces indiens essayent de garder leur
culture mais sont conscients que leur civilisation est très
fragile au contact de la mondialisation et que beaucoup de
changements sont inéluctables...
Avec la montée des eaux et le
travail d'érosion de la mer les iles sont menacées de
disparition. Nous voyons souvent des cocotiers déchaussés
ou arrachés par les flots. La monétisation des échanges
et les nouveaux besoins demandant à être payés en
argent modifient les rapports humains de ces communautés. Les
jeunes peuvent avoir du mal à supporter les règles
strictes imposées par les traditions...
Au mouillage devant les villages, nous
sommes la curiosité des hommes qui passent en pirogue,
certains revenant de leurs champs nous vendent bananes et noix de
coco, d'autres revenant de la pêche nous proposent langoustes
ou crabes (très fameux), beaucoup nous demandent des revues
que malheureusement nous n'avons pas.
Dans les villages les femmes sont en
général en habit traditionnel : cheveux courts pour les
femmes mariées, anneau en or dans le nez, chemisier brodé
aux motifs colorés (mollas), jambes et avant bras couverts de
perles ... L'habitat est sommaire: murs et toits en bambous et
palmiers, mobiliers quasiment inexistants, hamacs pour dormir,
siester ou se reposer; pour la cuisine quelques bouteilles de gaz
mais surtout l'écorce de noix de coco... Une grande case pour
le Congresso: réunion journalière des villageois de la
communauté avec leur responsable. Les villageois assis sur des
bancs, les chefs dans des hamacs. En général nous
allons nous présenter au chef avant la réunion du
Congresso, souvent nous avons à payer une petite taxe pour la
communauté et il nous donne « les règles de
vie ».
Deux anecdotes :
-Un matin nous découvrons un
petit boa lové sur le moteur d'annexe encore sur sa chaise du
balcon arrière. Une belle frayeur sachant qu'il a dû
monter par la chaine d'ancre à l'avant et traverser tout le
bateau (avec tous les hublots et capots ouverts) pour aller se
percher sur le moteur à l'arrière... Nous le poussons à
l'eau en douceur pour qu'il s'en reparte par où il était
arrivé.
-Le serveur de messagerie par Satellite
avec lequel je prends la météo a été en
panne pendant une semaine. Nous n'avons donc pas pu être au
courant de l'arrivée du cyclone OTTO. Nous avons constaté
de forts vents (plus de 35 noeuds) nous empêchant de mouiller
à Green Island et nous obligeant à chercher un
mouillage plus abrité (Chorazon de Jesus) où nous
passerons une bonne nuit. Beaucoup de bateaux seront endommagés
dans les mouillages du centre de Panama. Le fait d'avoir ignoré
la venue de ce cyclone (le deuxième qui nous a menacé
après Matthew il y a 2 mois à Curaçao) nous a
permis de ne pas avoir eu de stress.
Geneviève et Bruno devant renter
en France nous quittons à regret les iles San Blas pour aller
à Puerto Lindo un mouillage très fréquenté
par les voiliers. Nous y apprenons la naissance d'Eoline chez Jenny
et Adrien.
Nous restons une dizaine de jours au
mouillage et en profitons pour bricoler le bateau et faire quelques
courses. Déplacements en cars bondés (les bus scolaires
américains recyclés en transport public) pour aller à
Porto Bello ou Colon (entrée du canal côté
Caraïbe). Nous sommes impressionnés par la misère
de Colon où tous les déplacements se font en taxi car
le centre ville est réputé dangereux.
Finalement nous emmenons le bateau dans
la marina de Panamarina.(tenue par des français)
Nous le laissons là pour trois
semaines pendant lesquelles nous rentrons en France passer les fêtes
en famille(voir les nouvelles têtes) et faire examiner la main
de Noëlle.
Pour les voileux :
San Blas
Pour les voileux.
Nous avons navigué deux semaines (deuxième quinzaine de novembre) d'Est en Ouest
C'était
pendant la saison des pluies, peu de vent généralement sud ou sud
ouest, excepté avec le passage d'Otto où le vent de SW est monté à 38
noeuds.
Au point de vue cartographie Navionics ne vaut rien
CM-93 guère mieux. Nous avons utilisé sur opencpn les cartes scannées
du bouquin de Bauhaus qui circulent sur les pontons. Elles nous ont paru
fiables. Attention toutes fois aux fonds qui remontent très vite.
Après
Mamitupu nous avons voulu suivre la route à l'intérieur des récifs.
Depuis les barres de flèches sans vent et l'eau limpide je me suis fait
des frayeurs car je voyais les oursins les gorgones les coraux. Au bout
d'une dizaine de miles nous avons préféré sortir et passer à
l'exterieur.
Les îles où nous nous sommes arrêtés :
Los
Pinos : nous l'avons choisi pour atterrissage car le mouillage est
facile d'accès. En approchant de l'île bien reconnaissable nous avions
un bon courant qui nous portait vers l'est.
Nous sommes rentrés par l'Est. Attention à ne pas dépasser la petite église pour mouiller.
Position du mouillage 09°00.260N 077°45.865W .
Nous n'avons pas osé repartir par le NW, nous avons suivi notre trace d'arrivee.
Iguana
: île déserte, mouillage par 10 M de fond sur la plage s'ouvrant au
sud, pour aller snorkeler. Nous n'y avons passer que quelques heures.
Mamitupu : arrivée par l'Est, puis le sud de l'île. Attention aux récifs à
bâbord et tribord dans le final. On a mouillé un tout petit peu avant le
château d'eau, un bateau étant mouillé un tout petit peu après.
Position : 09°11.210N 077°58.590W.
Aridup :
mouillage devant la plage Est de l'île (pas celui préconisé par le
Bauhaus en raison du vent) Position 09°22.088N 078°15.271W par 11m de
fond. Attention privilégier la partie à gauche en entrant car récif au
milieu et sur la droite. Ne pas chercher les fonds de 6m car cela
remonte très rapidement.
Devil Island Niadup :
mouillage au SE de Niadup (entrée par l'Est et le Sud ) . Position
09°25.180N 078°28.745W par 11m de fond.
Nargana Corazon de Jesus : on s'est mis ici pour le passage du cyclone Otto .
On
y était très bien, de la place, bonne tenue au moins pour nous malgré
des rafales à plus de 30 noeuds.Positiin 09°26.366N 078°35.277W par 11m
de fond. Nous sommes 6 bateaux au mouillage à attendre que Otto passe.
Green
Island : île déserte. Un bateau y est déjà au mouillage et y a essuyé
Otto ( 50 noeuds). Position 09°28.852N 078°38.009W par 9m de fond.
Tiadup Cayos Hollandes mouillage par 8m Position 09°34.547N 078°40.451W
Dog
Island mouillage de quelques heures pour aller snorkeler sur l'épave
(très jolie ) . Position 09°33.625N 078°52.555W par 18m de fond.
Chichime trop de monde (8 bateaux) Nous avons fait demi tour et avons préféré un mouillage en solitaire:
Isla Pélicans ou Corgidup Position 09°34.043N 078°52.184W fond de 8 M. Très beau snorkeling sur le récif à l'Est du mouillage.
Porvenir : contrairement à ce que l'on croyait nous avons pu faire les formalités d'immigration. (Nous avons du y payer 100 dollar pour la Comarca Guna et 105 dollar par personne pour le visa. Je pense que l'on peut éviter ces frais en faisant l'immigration à Portobello)
Position 09°33.379N 078°56.829W 7m de fond.
Isla Éléphant west Lemon Cays (entre Miaiadup Tiadup Naguarchidup) position 09°32.431N 078°53.967W 8m de fond.
Dans
toutes les îles habitées nous avons trouvé un très bon accueil. Nous y
avons eu souvent à acquitter un droit de mouillage (entre 5 et 10
dollar) et moins souvent un droit par personne de 2 dollars. Il y a du
pain dans toutes les îles habitées mais il faut demander (aucune
enseigne !)
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