De Panamarina à Panama City : Passage du canal de Panama Janv-fev 2017
Pas beaucoup de miles pour cette étape mais un passage vers
un nouvel océan, un sas qui s’ouvre vers une nouvelle aventure où les distances
sont plus longues, les ressources en matériel plus aléatoires, un retour par la
même route beaucoup plus difficile …..
Après les fêtes de Noel et jour de l’an en famille où nous
avons découvert les deux nouveaux petits enfants (Eoline et Pablo) je rejoins
le bateau à Panamarina. Noelle dont la
main nécessite des soins de kiné me rejoint 10 jours plus tard. Malgré quelques
grains, il pleut beaucoup moins qu’en fin d’année, les fleurs sont sorties, le
pays est plus accueillant.
Nous passons deux jours à visiter Panama city, étonnante par son côté moderne (front de mer bordé de gratteciel) surtout en comparaison avec Colon qui semble abandonnée à sa misère.
Panamarina, petite marina tenue par Sylvie et Jean-Paul, est
un endroit bien sympathique avec un bon restaurant, mais est complètement
perdue au milieu de la forêt. On y entend souvent les singes hurleurs, on
aperçoit des capucins quand on emprunte le tunnel de mangrove en annexe pour
Puerto Lindo, des paresseux et même un serpent baguette… On y retrouve des
copains navigateurs que l’on avait connus au Brésil (Ingrid et Philippe sur
Iris, Dominique et Domie sur Bilbo).
Quelques menus travaux et nous préparons notre passage du
canal en contact avec notre agent Susy.
La pression monte car le passage du canal outre le côté
symbolique de la fin d’un chapitre de notre voyage est aussi un moment délicat
avec ses 6 écluses qui nous permettent de monter 26m et évidemment d’en redescendre
à peu près de la même hauteur (qui dépend de l’état de la marée côté
pacifique). Le passage des écluses se
fait en général avec un cargo, les courants peuvent y être violent, les
voiliers sont attachés par des amarres qu’il faut manipuler avec dextérité pour
éviter aux bateaux de se retrouver dans des positions dangereuses..
Pour passer le canal le processus est un peu
compliqué ; tout d’abord il faut prendre rendez- vous pour faire mesurer
le bateau. On se rend alors à un mouillage précis(mouillage des Flats) et on attend le mesureur qui comme son nom
l’indique va mesurer le bateau, l’inspecter (verifier que l’on a des toilettes
pour que le pilote que l’on embarquera puisse se soulager !), s’assurer de
notre vitesse maximale etc.
Ensuite retour au mouillage du club nautico et taxi pour
aller à la banque payer le droit du passage. Attention il ne faut pas dire au
chauffeur que nous allons à la banque il pourrait alors se douter que nous
avons des dollars sur nous et nous faire un mauvais coup ! Arrivé à la
banque il faut attendre car c’est l’heure du déjeuner puis on paye en liquide
1875 dollars (dont 800 sont une caution qui nous sera restitué si nous
n’abimons pas le canal ou autre ....). Puis le soir à 18h on appelle les
autorités pour savoir quel jour nous passerons. Nous avons été mesuré le
mardi et nous sommes programmé pour dimanche en même temps que nos amis du
bateau Ivadel (rencontrés au Brésil il y a 3 ans et à Trinidad fin 2015).
D’ici le dimanche il faut
récupérer des amarres en location et des pneus pour servir de parebattage,
contacter des copains pour savoir s’ils seront disponibles pour faire les
handliners (manipulateurs des amarres dans les écluses). Il en faut
obligatoirement 4. Jean-Marie et Agathe du bateau Melimela répondent présents. On demande alors à notre
agent de nous trouver un handliner,
Noelle faisant la quatrième.
Le dimanche les amarres à
bord, les pneus installés, les copains et Raoul(handliner) récupérés, nous
retournons au mouillage du Flat pour attendre notre pilote. Nous sommes 3
bateaux français (Ivadel, Bakun et nous) à attendre. Jean-Marie et Raoul mettent au clair deux amarres. (nous
serons à couple d’Ivadel et n’auront que les deux amarres du côté du mur de l’écluse à manipuler. ( Agathe
et Noelle seront les assistantes). Nos
pilotes arrivent à 14h30. Le notre s’appelle Robin, il est très jovial. Avant de rejoindre le chenal
nous attendons le passage d’un cargo orange. Il sera avec nous dans les
écluses. Direction les écluses de Gatun que nous atteignons en une heure. Le cargo entre dans l’écluse,
c’est impressionnant car il ne laisse que quelques dizaines de centimètres sur les côtés,
pendant ce temps nous nous mettons à couple d’Ivadel sur babord, Bakun sur tribord et nous rentrons dans l’écluse à 3
bateaux de front. Le pilote sur Ivadel joue
le chef d’orchestre en nous demandant de mettre les gaz en avant ou en arrière
pour entrer bien dans l’axe de l’écluse et ne pas percuter le cargo qui est
déjà placé. Des éclusiers nous lancent deux toulines (de manière très précise)
pour récupérer nos amarres. L’écluse se ferme derrière nous, le moment crucial
commence. L’eau monte très vite créant des remous dans tous les sens, il faut
alors récupérer le mou dans les amarres de façon à ce que les bateaux restent
bien dans l’axe. En un quart d’heure le niveau monte de 8m, les portes de
devant s’ouvrent, le cargo devant nous, tracté par des locomotives, met quand
même des gaz pour passer dans l’écluse suivante et crée encore d’avantage de remous, puis nous enchainons ainsi deux
autres écluses. Tout se passe bien et mon stress diminue tangiblement quand nous entrons dans le lac Gatun. Le bateau bat son record d’altitude (28m) ;
l’eau est calme et nous atteignons le mouillage du lac(sur une bouée) à la nuit.
Robin est alors récupéré par une vedette de pilotes. Nous évacuons le stress de
la journée par un bon repas préparé par Noëlle et une bonne bouteille de rouge
apportée par Agathe et Jean Marie. Bonne ambiance à bord.
Le lendemain vers 7h notre
nouveau pilote Guillermo embarque. Il est beaucoup moins sympathique que Robin.
Il nous demande de naviguer à 6 nœuds en suivant le chenal et a du mal
semble-t-il à supporter les femmes à la barre… Nous traversons alors le lac Gatun
parsemé d‘iles boisées le long d’un
chenal très bien balisé en croisant toutes les 20 minutes un gros cargo. Nous
ne verrons pas les lamentins (sorte de dauphins blancs) ni les crocodiles qui
parait-il y habitent. Nous avons une pensée pour ceux qui ont construit ces
écluses, ce canal et ce lac il y a plus de 100 ans (premier passage de bateaux
en 1916) car nombreux sont morts de la malaria.
Nous croisons aussi des
remorqueurs, une dragueuse, apercevons
le train. Agathe a l’impression que tout ceci n’est qu’un immense playmobil
animé !
Après 51km à bonne allure c’est à 11h, comme
prévu et au grand soulagement de notre pilote que nous arrivons devant l’écluse
de Padre Miguel, la première écluse descendante. Nous nous mettons à nouveau à
couple avec Ivadel et Bakun. Ce sont les
voiliers qui entrent en premier dans l’écluse.
Cette fois ci l’eau baisse ne créant pas de remous mais de fortes
tractions horizontales sur les amarres
et les chaumards. Je crains que quelque chose ne s’arrache mais heureusement
tout tient parfaitement. Quand la porte de la dernière écluse s’ouvre c’est le moment émouvant : on change d’océan,
notre voyage prend une autre dimension. Ce moment j’en rêvais depuis longtemps.
On y est maintenant.
On passe alors sous le pont
des Amériques qui annonce le pacifique depuis 1962 aux dizaines de milliers de
marins de tous les pays qui sont passés là. Ce magnifique pont en arche
métallique a été longtemps le seul pont
entre l’Amérique du nord et l’Amérique du sud.
Notre pilote Guillermo est
récupéré par une vedette, et nous allons mouiller au bout de la presqu’île de
Amador au mouillage de la Playita en faisant attention aux marées (ici 5m de
marnage alors que côté caraibes c’est 30 cm). Agathe, Jean-Marie et Raoul
débarquent, le travail parfaitement accompli.
Nous nous retrouvons tout seul
sur le bateau réalisant doucement que ce passage est terminé, que tout s’est
bien passé sans casse et dans la bonne humeur. Je pique alors une tête dans
l’eau qui me parait bien froide (24°, soit 6 degrés de moins , ce en raison du courant froid de Humboldt !) me faisant
prendre conscience que nous sommes bien dans le Pacifique……
Pour les voileux
Panamarina : Marina
(seulement sur bouée) ou chantier au sec bien sympathique. L’accès par un
chenal de jour peu praticable par forts vent et houles de N à NE. Peu de
communication par bus(3km de la route). Le plus pratique et d’aller en annexe
par le tunnel de mangrove à Marina Linto ou à Puerto Lindo (chez Hans) et de
récupérer un bus.
Puerto Lindo : Mouillage fréquenté mais pas mal de place POS
09°36.672N 79°35.248W 12m de fond.
Porto Belo Mouillage abrité
des vents de N a SE en passant par l’E. Beaucoup de dégâts sur les bateaux avec
le passage d’Otto en novembre. POS 09°33.415N 079°39.657W 13m de fond. Débarquement
à Casa de Vela assez sommaire.
Nous avons passé une nuit à
la marina de Shelter Bay pour récupérer un génois fabriqué en chine et expédié
directement à la marina.
Mouillage aux Flats (pour se
faire mesurer) : POS 09°20.663N 07°54.564W 11m de fond. Débarquement en
annexe impossible.
Mouillage au Club nautico
09°21.879N 079°53.554W 8m de fond. Mouillage moins bien protégé et moins étendu que les flats. Attention aux propulseurs d’étrave
des bateaux de croisières qui mettent les bateaux du mouillage dans tous les
sens. Débarquement au Club nautico : 3 dollars par jour et par personne.
Pas sympathique, mais courses faciles à Colon 2000. C’est ici en général qu’on récupère
les pneus, les lignes et ses équipiers pour le passage du canal.
Passage du canal : nous
avons pris un agent Susy recommandé par Panamarina. Un agent n’est pas
indispensable. Sans agent on économie 350 dollars.
Pour la manipulation des
amarres nous avons été contents d’avoir Jean Marie et Raoul. Eviter les
handliners qui ne sont pas des marins ou qui n’ont pas d’expérience du transit.
Une erreur peut alors se solder par les bateaux en travers de l’écluse : pas
bon pour ceux qui vont frotter sur les murs. Raoul le handliner fourni par
notre agent était très sympathique et professionnel.
Recommandation de bien
préparer le bateau en enlevant ce qui est superflu à proximité des taquets et
chaumars (drosses d’enrouleur de génois, bouées couronnes , feu à retournement
etc) prendre des pneus protégés par du plastique comme parebattage. Bien mettre
au clair les amarres suffisamment en avance . Nous avions protégé les
panneaux solaires mais les éclusiers ont été très précis dans leurs lancers de
touline.
Je craignais un arrachement
de taquet ou chaumard : beaucoup de tension verticale dans les écluses
descendantes. Nous avons utilisé le winch (pas le taquet) pour l’amarre
arrière. Tout s’est bien passé heureusement.
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Porto Bello : artiste en action |
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Les remparts de Porto Bello : beaucoup de richesses pillées par les espagnols transitaient par là. |
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Porto Belo |
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Los Diablos : carnaval des ongo (descendants des esclaves africains) |
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Los Diablos |
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