Voilier Morgane: De guyane à Trinidad

De Saint Laurent du Maroni à Trinidad.

Trajet Fevrier-Mai 2015 De Jacaré à Trinidad

Après une dizaine de jours à St Laurent du Maroni nous levons l'ancre ( 9 avril) pour aller au Suriname.

Mais nous décidons de faire un dernier mouillage en Guyane, mais celui là en pleine forêt loin de toute lumière. en descendant le Maroni nous prenons sur tribord la crique Boeuf Lamentin que nous remontons sur une dizaine de miles. Nous ne sommes pas habitués à ce genre de navigation. Heureusement il y a du fond tout le long. La rivière est large entourée de deux murs de forêts. Noelle surveille qu'il n'y ait pas devant l'étrave de grosses branches. Nous sommes loin de tout. Seuls les cris des oiseaux et insectes troublent la quiétude. Nous apercevons une troupe de singes qui ne semblent pas dérangés à notre passage et mouillons à l'intersection avec la crique aux Vaches. Ici pas de vagues, plus de vent, un léger courant nous rappelle que nous sommes sur un élément liquide. La nuit nous sommes bercés par les bruits des animaux, les étoiles se reflètent sur le fleuve apparemment immobile. Au matin c'est un véritable concert auquel nous assistons où dominent les perroquets, les belles couleurs du soleil levant se retrouvent sur l'eau. Instants magiques.

Il est temps de quitter la Guyane.

Nous retrouvons le Maroni puis la mer après avoir descendu la crique aux Vaches.

Le bateau marche bien car l'eau douce acide du Maroni a nettoyé la coque, plus aucune algues ou concrétions.

Nous nous faisons des frayeurs en passant sur un filet de pêcheurs qui ensuite nous font de grands signes de passer sur leur arrière.

Arrivés en fin de journée devant la Surinam River, nous remontons de nuit la première partie du chenal et mouillons pour attendre le jour pour la suite. J'ai un peu tendance à faire coïncider étal de marée et renverse de courant qui ici sont bien décalés, ce qui fait que le lendemain nous avons remonté contre le courant la deuxième partie du chenal jusqu'à Domburg (près de 20km).

Quelques bateaux hollandais au mouillage sur bouées devant une petite marina tenue évidemment par des hollandais.

Le Suriname, ancienne colonie hollandaise, est un petit pays ( 500 000 habitants) aux multiples cultures. Peuplé de descendants d'esclaves, d'amérindiens, d'indiens d'Inde (que les hollandais ont fait venir pour remplacer les esclaves après l'abolition, traite qui sera interrompue par Gandhi) , descendants de hollandais, et chinois. Mosquées, temples hindous, synagogue, temple et églises chrétiennes cohabitent.

Si les villes de Guyane semblent endormies, ici à Paramaribo la capitale beaucoup de vie, d'agitation, d'embouteillages.

Nous louons une voiture et allons dans une réserve à Brownsberg. La piste est assez mauvaise d'autant plus que nous entrons dans la saison des pluies. L'hébergement est succinct (en hamac) mais le site est superbe au sommet d'une petite montagne avec une très belle vue sur un lac (immense, construit pour fournir l'énergie nécessaire à la production d'aluminium à partir de la bauxite dont le Suriname est un gros producteur). Nous sommes en pleine forêt et espérons voir des animaux sauvages. Nous ferons plusieurs balades, contents de retrouver des chemins qui montent ou descendent (je commence à me lasser des reliefs trop plats, je suis en manque de montagnes), moins contents de marcher sous la pluie. Pour ce qui est des animaux nous voyons des agoutis (gros rongeurs), des singes hurleurs (quand ils se mettent à crier en se répondant les uns les autres ils sont impressionnants), des perroquets.

Au Suriname nous effleurons la complexité de ces pays aux cultures si diverses, témoins d'une histoire tourmentée. (Encore récemment : guerre civile de 1986 à 1992 opposant noirs marron et armée; Desi Bourtese, instigateur d'un coup d'état sanglant en 1982, condamné en Hollande par contumace pour trafic de Cocaïne, empêché de quitter le Suriname à cause de mandats d'arrêt internationaux a été réélu démocratiquement président de la république en 2010 !)

Après 10 jours nous redescendons la Surinam River (cette fois ci dans le sens du courant), passons quelques heures au mouillage en attendant que la marée monte un peu, et nous quittons le Suriname et le continent Sud Américain pour aller à Tobago ile des caraïbes.

Navigation de trois jours, on retrouve des fonds importants plus de 1000 m que l'on avait pas eus depuis longtemps ainsi qu'une mer bleue ( finie l'eau marron apportée par les immenses fleuves de l'amazonie).

Un peu de près pénible au départ, puis comme prévu le vent adonne et nous avons du courant qui nous pousse. Les nombreuses sargasses (algues flottantes généralement plus au nord) empêchent Noelle de pêcher et transforment l'hydrogénérateur en un énorme kebab ne produisant plus d'électricité et ralentissant le bateau.

Comme dans les films avec des monstres marins, une énorme tortue luth de plusieurs centaines de kilos a fait surface dans le sillage à quelques mètres du bateau. Impressionnant!

La terre est cachée dans la brume mais beaucoup d'oiseaux nous l'annoncent : frégates, sternes, fous.

Nous contournons le cap au nord de l'ile constitué de plusieurs îlots sauvages colonisés par des milliers d'oiseaux.

Nous mouillons au pied d'une colline couverte de forêts avec beaucoup de perroquets et des volse en formation de pélicans gris le matin et le soir.

Nous passons 3 semaines dans l'île de Tobago. Nous retrouvons avec plaisir l'eau claire qui nous permet de jolies explorations avec palmes masques et tubas dans les coraux, l'ambiance indolente des îles des caraïbes avec le petit marché aux poissons, des mouillages souvent solitaires dans les baies sauvages de la côte nord-ouest.

La pêche est une des principales activités : soit pêche au thon à la traîne (les petits bateaux sont équipés de 2 immenses cannes les faisant ressembler à des insectes avec antennes), soit pêche à l'épervier depuis une barque le long des falaises des criques, soit pêche a la senne (immense filet posé devant la plage avec une barque à la rame et tiré à terre par un groupe d'hommes à chaque extrémité, nous assistons à une prise de plusieurs centaines de kilos de poissons pour la friture).

Nous quittons la calme Tobago pour Trinidad.

Sur la côte nord nous entrons dans une baie réputée pour sa plage où viennent pondre les tortues luth. C'est la plus grosse des tortues : poids moyen 500kg! Nous espérions y mouiller pour passer la nuit, mais la houle et le vent découragent d'y rester. Par contre en l'espace de 20 minutes nous y avons vu une dizaine de tortues. La baie en est remplie à cette saison de ponte.

Quelques miles plus loin, par 20 mètres de fond on ressent un choc mou sous la quille. Sans doute une tortue, nous espérons ne pas li avoir fait mal....

Nous naviguons le long de la très jolie côte nord de Trinidad très sauvage, montagnes couvertes de forêts plongeant dans la mer avec quelques baies se terminant par des plages de sable. Malheureusement elle est exposée au vent et n'offre que peu de mouillages abrités

Nous faisons cependant encore deux mouillages à Trinidad dont un où nous sommes tout seul avant de nous plonger dans l'agitation de Chaguaramas.

Chaguaramas est une belle baie entourée de petites îles. cela pourrait être un petit paradis tranquille. En fait c'est une concentration de tout ce qui peut flotter en mer avec de grands chantiers : bateaux de pêcheurs locaux ou vénézuéliens, bateaux de pêche sportive, remorqueurs, plateformes de forages, petits cargos, bateaux militaires, voiliers. Tout cela au mouillage ou dans une petite marina ou sur des chantiers au sec ou en énormes cales sèches. Alors que la baie est bien abritée, tout cette agitation sur l'eau crée un petit clapot et du bruit 24h sur 24h. On est loin des mouillages de Tobago ou de la côte nord. Moi j'aime bien cette ambiance. Si tout ce monde est là, c'est que la baie est très bien abritée de l'alizée et que nous sommes région sans cyclone. Une grande activité de chantiers nautiques (pêche, plaisance, commerce) s'y est développée. Beaucoup de voiliers navigant aux antilles viennent hiverner ici pour la période cyclonique.

Le 13 Avril nous mettons au sec Morgane

Sur les chantiers nous retrouvons nos amis belges de Manea rencontrés l'année dernière au Brésil, nos amis de Neos avec qui nous avons navigué de concert entre Brésil et Guyane, des australiens que nous avions connus au Sénégal et au Cap-Vert. De bonnes soirées.

Sinon c'est l'ambiance chantier, des artisans se proposent pour nettoyer et polisher la coque.

Nous avons quelques petits travaux à faire ou à faire faire.

C'est aussi le bilan de ces 3 mois de navigation :

Un grand plus pour l'ambiance à la marina de Jacaré.

Festival de couleurs de musiques au carnaval à Olinda et Recife.

Pas eu de gros problèmes avec le bateau.

Navigation pas très drole sous le pot au noir entre Bresil et Guyane.

Les sorties des fleuves sont longues, toujours au moteur face au vent et à la houle et les yeux sur le sondeur

Merci au courant Guyanais qui a amélioré nos moyennes.

Superbe mouillage à Lencois au Brésil (Merci Francis pour les informations)

Découverte de la Guyane. Nous en avions une mauvaise image : pluie, moustique et bagne. En fait nous avons beaucoup appris sur notre histoire pas toujours reluisante (bagne, traite des noirs, colonisation en Guyane et en Asie). Nous avons été surpris par la diversité culturelle de la population, etonnes qu'un collège français puisse y être fermé pour cause d'envoutement et qu'un évêque y aille pour résoudre le problème. Le lancement de la fusée Soyouz a été un grand moment. De plus nous n'avons pas eu beaucoup de moustiques ni de pluie (sauf une journée bien mouillée à Kourou).

Trop peu de temps passé au Suriname.

Jolis mouillages de Tobago et les tortues luth.

Le 26 mai nous rentrons en France pour plusieurs mois retrouver famille amis et montagnes, garder les petits enfants en juillet août.

En décembre, nous devrions reprendre la mer et aller vers l' ouest ( Colombie) ou le nord (Cuba).

A voir.....

Pour les voileux :

Nos mouillages :

Guyane intersection crique Boeuf Lamentin crique aux Vaches 5°34.982N 53°57.430W 7m de fond.

Entree Suriname River, mouillage permettant d'attendre le jour, la renverse ou la marée : 5°55.909N 55°09.134W 4m de fond. Attention aux pieux des pêcheurs près de la côte, nous avons remonté un vieux filet avec l'ancre. Festival de dauphins Sotalies et de frégates autour du bateau.

Suriname Dombourg, nous avons fait un mouillage la première nuit avant de prendre une bouée : pas noté la position.

Tobago Pirate Bay 11°19.877N 60°33.317W fond 14m

Tobago Charlotteville 11°19.500N 60°33.022W environ 3m de fond.

Tobago Bloody Bay 11°18.239N 60°38.012 10m de fond.

Tobago English Bay 11°17.568N 60°40.338W 12m de fond Attention un caillou avec moins de 2 m d'eau non signalé sur notre carte Navionics et vu en snorkeling à la position approximative 11°17.476N 60°40.360W

Tobago Castara Bay 11°16.806N 60°41.899W 10m de fond

Mont Irvine Bay bouée gratuite 11°09.517N 60°50.487W

Trinidad Chapara Point 10°48.271N 61°22.021W 8m de fond

Trinidad Scotland Bay 10°42.154N 61°39.784 8m de fond

Les reparations faites à Trinidad

Changement bague hydraulube, bagues du safran

Changement de 3 boulons de quille.

Changement vanne et passe coque WC

Changement ecoutes génois et trinquette.

Ajout disjoncteur guindeau.

Repose du liston de jupe.

Changement courroie de distribution du moteur.