De
Jacaré (Brésil) à Saint Laurent du Maroni Guyane.
Après
3 mois d'absence nous trouvons Morgane en pleine forme, pas trop de
barbe sous sa coque que l'on a fait gratter.
Nous
retrouvons nos copains bretons Marie-Jo et Michel que nous avons
suivis pendant leur traversée comme eux nous avait suivis pendant la
notre l'année dernière.
A
la marina c'est toujours la bonne ambiance avec capirinha partagée
le soir, beaucoup de discussions sur les bons mouillages.... Il faut
dire que certains arrivent d'Afrique du sud (bouclant leur tour du
monde ou venant d'Australie) d'autres d'Argentine, d'autres du Cap
Vert ou du Sénégal.
Mais
très vite il faut se mettre à l'heure brésilienne car c'est le
carnaval!
D'abord
à Joa Pessoa où la grande attraction est d'énormes camions-sono
avec orchestre sur le toit. Quand ils passent devant le bruit (à ce
stade peut-on encore parler de musique?)est insupportable, on se
bouche les oreilles, si on met la main sur la poitrine on sent le
thorax vibrer les poumons faisant caisse de résonance!
Ensuite
à Olinda charmante petite ville où les églises et les maisons
témoignent d'un riche passé. là c'est beaucoup de petits
orchestres qui sillonnent les rues pentues. La foule est dense, on
piétine souvent. Les gens sont déguisés, beaucoup se recouvrent
le corps de terre me rappelant les cérémonies d'initiation en
Afrique.
Enfin
à Recife où beaucoup de groupes de musiciens et danseurs vetus de
paillettes, de plumes ou d'habits folkloriques parcourent les petites
rues de la vieille ville suivis par du public qui se trémousse au
rytme des percussions.
L'ambiance
a toujours été bon enfant (attention aux pickpockets, pas vrai
Michel?). On y a fait le plein de musique pour les oreilles, de
couleurs pour les yeux, de foules, de chaleur ....
Ensuite
nous réarmons le bateau, avec quelques courses à Joa Pessoa, une
balade avec nos amis sur la rive opposée du fleuve.
Après
plus d'un an sans avoir navigué il nous faut reprendre la mer.
C'est
d'abord difficile de quitter la marina, de dire aurevoir à Francis,
Nicolas, l'irremplaçable Artillo aux copains navigateurs, au village
de pêcheurs ....
Ensuite
il faut se réhabituer à la mer.
Cette
année nous prévoyons de remonter vers le nord jusqu'à Trinidad où
nous hivernerons (même si c'est l'été) le bateau. Cela représente
environ 2000 miles (pres de 4000 km)
Pour
notre première navigation nous ne sommes pas trop ambitieux : nous
allons au mouillage au milieu du fleuve à 300 m de la marina, cela
sera un peu un sas avant la haute mer.
Cela
commence mal la pompe eau de mer pour la cuisine se casse, cela fait
une voie d'eau vite arrêtée avec la vanne. Heureusement nous avons
une pompe de rechange rapidement installée.
La
nuit au mouillage est agréable, le bateau suit les mouvements de la
marée mais il n'y a pas de vague, tout est doux.
Le
jeudi 26 février nous levons l'ancre , descendons le chenal que nous
avions remonté il y a plus de treize mois, retrouvons la mer
relativement agitée, un peu de moteur pour sortir du chenal, puis
nous sortons les voiles. Le vent de 20 noeuds d'arrière nous fait
avancer vite, le cachet de stugeron montre son efficacité pour
apaiser les effets de la houle sur nos estomacs plus habitués.
Navigation
de 4 jours pour rallier Jericoacoara pas toujours agréable, du
près, des grains, puis peu de vent. En fait le pot au noir ( ou
ZIC) nous passera plusieurs fois sur la tête pendant un mois!
Par
contre la pêche est bonne : une bonite ( 700gr cuisinée en filet,
un thon de 3kg ( conserves + rillettes) et un thazard de 4kg en
rentrant la ligne le soir ( cuisiné au court bouillon). Noté sur le
livre de bord le 28 février : repas midi : gratin de potiron et
cristophines avec riletes de thon, le soir pâtes au thon.
Au
mouilage à Jericoacoara nous retrouvons Tangara et Youmin deux
bateaux partis avant nous.
Jericoacoara
est une station balnéaire brésilienne, le seul endroit au Brésil
où on peut apercevoir le soleil se coucher sur la mer. Le village
est dominé par une grande dune, l'attraction est de monter sur la
dune pour essayer d'apercevoir le fameux rayon vert au moment où le
soleil disparait sous l'horizon. Malheureusement les nuages étaient
toujours là pour gâcher le spectacle.
Promenade
agréable sur les dunes. Mais le mouillage est très rouleur rendant
pénibles les nuits.
Deux
matins de suite des pêcheurs nous donnent du poisson qu'ils viennent
de pêcher. Nous leur donnons en échange du pâté de caille aux
raisins.
Le
6 mars nous reprenons la mer direction Lencois un village de
pêcheurs.
Nous
naviguons en contact VHF avec Tangara et Youmin. Navigation de 3
jours marquée par peu de vent, heureusement un peu de courant pour
nous aider, beaucoup de pêcheurs la nuit avec de longs filets à
éviter. Un matin je vois un morceau de filet dans notre sillage,
attaché je descends l'échelle de bain la gaffe à la main,
j'attrape un morceau de filet, mon gilet se gonfle alors
automatiquement car au contact de l'eau me causant une vive surprise.
Il faudra que je me mette complètement à l'eau, après avoir stoppé
le bateau pour arriver à dégager le dernier morceau pris dans la
quille.
Côté
pêche nous attrapons une superbe daurade coryphène de 8 kg qui nous
occupe un bon moment d'abord pour la remonter à bord puis pour
préparer les filets ( 4 sachets), 5 darnes mises au gros sel4 bocaux
de rillettes dont trois stérilisés.
Pour
ne pas arriver de nuit, nous nous mettons à la cape pendant 6
heures,. Au matin nous entrons dans le chenal en profitant de voir où
passent les pêcheurs qui en sortent. C'est très joli, un passage
d'abord dans la mangrove, l'eau est calme, puis nous arrivons sous
une grande dune magnifique et apercevons alors le village devant
lequel nous mouillons.
Tangara
et Youmin nous rejoignent.
Le
village de Lencois est sur une ile faite de mangrove et surtout
d'immenses dunes d'un sable fin magnifique. Le vent sculpte ces dunes
qui révèlent leurs formes avec les lumières du soleil rasant. De
plus quand on se promène dessus on aperçoit les dessins d'un sable
plus foncé. Ces calligraphies font penser à des vagues ou des
chaines de montagnes stylisées à la japonaise.
La
balade sur les dunes me rappelle l'erg d'El Oued en Algérie
Ici
pas de touriste, le village est loin de tout. Pour téléphoner il
faut monter au sommet de la grande dune.
Peu
de commerce encore moins de produits frais, un petit centre de santé,
une école, les pêcheurs réparent leur filets à l'ombre des
carbets.
Un
bon lumbago me prive de quelques balades, mais ne nous empêche pas
de boire à mon anniversaire avec les équipages de Tangara, Youmin
et Neos.
Nous
avons beaucoup aimé ce mouillage, la vue sur la dune qui change sans
cesse avec la course du soleil, l'ambiance un peu somnolente de ce
village posé sur du sable, la spatule rose et l'ibis rouge qui
venaient faire leur repas sur la vasière à marée basse, les
promenade dans les dunes, le fait d'être un peu loin de tout.
Il
est temps pour nous de dire au revoir au Brésil. Le 14 mars nous
levons l'ancre, descendons le chenal entre mangrove et dune,
remontons pendant 2h au moteur face au vent et à la houle (pas très
marrant) puis après s'être dégagés de hauts fonds on peut faire
route à la voile. Nous mettons 4 jours pour rejoindre les iles du
salut en Guyane en face de Kourou. Un petit thon attrapé, et 3 daurades ont mordu mais se sont détachées car on allait trop vite.
Un bon courant nous a aidés, mais je suis allé trop au large espérant trouver plus de courant mais rallongeant considérablement la route.
Un bon courant nous a aidés, mais je suis allé trop au large espérant trouver plus de courant mais rallongeant considérablement la route.
Neos
est déjà arrivé. Nous mouillons suivant leur conseil près de la
côte nord. Le mouillage selon l'état de la marée est assez
rouleur. Youmin et Tangara arivent un peu plus tard.
Les
trois iles du salut sont la propriété du CNES et doivent être
évacuées pendant le tir des fusées car zone à risque
A
partir de 1852 et pendant un siècle elles ont servi de bagne.
Al'écoute des récits de cette époque on n'est pas très fier de
ce qui s'est passé ici au nom du peuple français. Quelques édifices
restaurés et des ruines témoignent de ce sinistre passé. Ces iles
sont couvertes de palmiers et de forets. Des petits singes aux pattes
jaunes- les Saimiris-se laissent approcher le soir. Sur l'ile de St
Joseph, le cimetière des gardiens et familles (les corps des
bagnards n'étaient pas enterrés mais jetés à la mer où
pullulaient des requins) au bord de l'eau sous la verdure
envahissante nous a émus.
Le
20 mars direction Kourou (2h de navigation) et mouillage dans le
fleuve un peu en amont du ponton).
Nous
sommes à Kourou pour visiter le centre spatial et assister au
lancement de Soyouz le 27 mars.
La
ville de Kourou n'offre rien de bien particulier. La visite du centre
spatial est très interessante. Maintenant nous sommes incollables
sur les lanceurs (le terme fusée est réservé aux militaires)
Ariane, Véga et Soyouz.
Nous
louons une voiture et allons visiter Cayenne avec l'équipage de
Toumim.Nous y avons aimé le calme de la place des amandiers face à
la mer, le marché du mercredi animé en extérieur, la collection
d'insectes du musée de Fanconies, les maisons créoles plus ou moins
bien entretenues. Nous prenons le déjeuner avec Arnaud et Line le
fils d'amis de Grenoble.
Petite
frayeur au mouillage, malgré 60m de chaîne l'ancre a chase dans un
grain. Heureusement nous étions à bord!
Enfin
le 27 nous assistons au lancement de Soyouz. Ces lancements sont mis
en scène par le CNES. On nous fait monter dans des cars pour nous
rendre sur le site (situé à une dizaine de kms du lanceur). Là on
a une vue dégagée, on voit bien le site de lancement d'Ariane,
malheureusement pas celui de Soyouz. Mais de grands écrans nous font
vivre en direct les instants précédents le lancement avec images de
la salle de contrôle, interview des responsables du lancement et du
lanceur qui commence à fumer, et à l'heure H à s'élever d'abord
doucement, on entend alors le bruit, puis nous pouvons voir par nous
même Soyouz, une boule de feu dans le ciel disparaissant plusieurs
fois dans des nuages, réapparaissant toujours, suivant une belle
trajectoire et accompagné de son vrombissement. Le lancement a été
réussi. Soyouz emportait deux satellites Galileo (le système GPS
européen).
Le
lendemain nous quittons Kourou pour St Laurent du Maroni. Une nuit de
navigation pour arriver au début du chenal qui remonte le Maroni.
Petit moment de stress quand on voit des pêcheurs installer un filet
en travers du chenal. Nous sommes alors obligés d'en sortir.
Heureusement il y a encore assez de fond. La remontée est longue, le
fleuve est immense, et nous arrivons au mouillage de Saint Laurent.
Il est abrité par une epave d'un cargo de 1925 qui se couvre de
végétation. Ous sommes devant le bagne appelé camp de la
transportation.
Au
mouillage nous retrouvons Avel-Braz rencontré à Jacaré. Neos nous
rejoint quelques jours plus tard.
Le
Maroni, d'abord peuplé d'amerindiens puis de noirs marrons ( anciens
esclaves fugitifs) fait la frontière entre la Guyane et le Suriname.
Escale
intêressante d'un point de vue culturel .
D'abord
c'est le quartier administratif datant de la période du bagne, dont
les bâtiments ont toujours la même fonction (l'école est restée
école, la mairie mairie, l'hôpital hôpital ...) Heureusement le
bagne n'est plus bagne.
Ensuite
c'est ce fleuve qui abrite des villages amérindiens ou noir marron,
juxtaposés mais ne se mélangeant pas. Côté Suriname beaucoup
d'habitants ont fuit la guerre (1985-1991) en se réfugiant en Guyane
et y sont restés.
Enfin
nous passons une nuit à observer des tortues venir pondre sur la
plage, et repartir dans l'océan. C'était pleine lune, nous n'avions
pas besoin d'éclairer nos frontales. Le spectacle était magique.
Le
marché de Saint Laurent est très animé. Beaucoup d'asiatiques
(issus du vietnam ou du Laos) vendent leur production. On peut y
manger des soupes chinoises ou vietnamiennes.
Voilà
pour notre escale en Guyane.
Nous
allons partir maintenant pour le Suriname.
A
bientôt.
Pour
les voileux voilà les points GPS de nos mouillages.
Jericoacoara
:
2°48.06S
40°31.66W par 2,5 m d'eau. Mouillage rouleur. Débarquement en
annexe un peu chaud : prévoir sac étanche.
Lencois
(y arriver par le Sud, la passe nord est impraticable) : Attention
plus de 5m de marnage.
On
s'était mis en 1°19.00S 44°53.0W mais les pecheurs nous on
demandaient de changer, nous nous sommes mis 1°19.125S 44°53.233W
par 2m d'eau. Débarquement soit devant le village attention à marée
basse il y a de la vase, soit au pied de la grande dune (grappin sur
la dune).
Peu
de ravitaillement de frais (pomme de terre, tomate oignons) petites
épiceries.
Iles
du Salut : attention aux courants assez forts.
5°17.026N
52°35.533W 7m50 d'eau. Mouillage un peu rouleur. Laisser dégagé le
centre et le sud pour les cargos. Débarquement sur ile royale (sur
le derrière du ponton flottant) sur ile St Joseph : nous avons mis
un va et vientvavec l'ancre à l'arrière car beaucoup de houle et
quai en réfection.
Kourou
5°08.864N
52°38.864W Attention vase molle. Débarquement ponton de pêcheurs ou
ponton du CNES.
Saint
Laurent du Maroni
Derrière
l'epave Edith Cavell
5°30.33N
54°02.03W3m d'eau. Privilégier un peu plus en aval s'il y a de la
place. Débarquement sur le derrière du ponton flottant. Amarrage de
l'annexe sur la passerelle du ponton flottant.
Attention
les cartes CM93 présentent une erreur de 0,2 miles!
Le
balisage du chenal peut changer. Privilégier la navigation à vue.
Nous au carnaval |
A Olinda |
Fourmis au travail |
Maquette d'Ariane grandeur réelle |
Au fond Soyouz que nous verrons décoller 3 jours plus tard |
Soyouz quelques secondes avant le décollage |
Soyouz quelques secondes après le décollage |
Sur le Maroni |
Camp de transportation |
Eglise de St Laurent du Maroni |
Mangoustans au marché |
Notre guide dans le Maroni |
Fétiche dans un village de noirs marron |
Dessin de racine d'arbre dans le Maroni |
Dessin traditionnel ornant souvent les maisons |
Fabrication d'un Kulukulu |
Chez le guérisseur |
Etal de viande de tapir |
Après avoir pondu la tortue retourne à l'océan |
Très belles photos et joli texte.
RépondreSupprimerBonne continuation et à bientôt.
Moïra a bien recue votre carte.
Adrien
ça fait toujours rêver, vous récits... Et ça donne faim, tous ce beaux poissons! :)
RépondreSupprimerQuelles belles photos! Vraiment ça me met l'eau à la bouche et titille mon envie de repartir! Profitez bien de tous ces moments fabuleux et de toutes ces rencontres. Au plaisir de te revoir Daniel et de rencontrer un jour ta moitié.
RépondreSupprimerNathalie Régis