Voyage au Sri-Lanka à vélo.
Deux ans après mon voyage à
vélo au Burkina Faso ( http://nuages.heoblog.com/
), j'ai choisi d'aller pédaler en Asie que je connais très
peu.
Sur les conseils de Nadia, mon choix
se porte sur le Sri Lanka : petit pays aux habitants accueillants.
Je pars donc pour 5 semaines avec dans
mes bagages un porte-bagage deux sacoches et un compteur pour vélo,
un petit duvet, quelques livres et les affaires d'usage quotidien
(vêtements, pharmacie ..) et suivant le conseil de Sébastien
A. une tablette avec en particulier Google Maps.
Arrivé à Colombo je suis
plongé dans l'ambiance d'une grande ville avec une l'agitation
incessante de la rue.
Colombo est une ville moderne avec de
grandes avenues , de beaux embouteillages, une down town avec des
buildings (j'assiste à deux sauts de base-jumpers du plus haut
des immeubles), des quartiers populaires aux rues étroites,très
encombrées de tuk-tuk (taxis triporteur motorisés) et
piétons, un quartier de marchés très animés
(le marché aux légumes est pittoresque dans une
enfilade de bâtiments offrant des amoncellements d'ananas,
bananes, avocats, va et vient incessant de porteurs pied-nus ....).
Le front de mer peu mis en valeur est un peu décevant.
J'y ai beaucoup apprécié
l'ambiance sereine du temple bouddhiste Gangaramaya. On y oublie les
trépidations de la ville environnante. Le temple est grand ,
un musée d'offrandes hétéroclites, Des salles de
prières où les moines vêtus de robes safran
psalmodient, Un énorme arbre que les fidèles arrosent
en en faisant plusieurs fois le tour, des petits autels où les
pétales de fleurs s 'accumulent et des centaines de
bougeoirs diffusent une lumière particulière et une
odeur d'huile, un petit temple où l'on trouve des
représentations géantes de bouddhas très colorés
aux regard et sourires mystérieux. Les fidèles
déambulent, souvent en couple ou en famille, faisant leurs
offrandes de fleurs, se prosternant devant les bouddhas, récitant
leurs prières assis dans un coin, arrosant l'arbre géant.
Il y a même un éléphant
(le pauvre enchainé) gardien du temple. Certains jours il
s'allonge dans une minipiscine pour y être lavé...
Je suis revenu plusieurs fois dans ce
temple pour y goûter son calme et m'imprégner de la
sérénité des fidèles..
Je cherche toute de suite à
acheter un vélo. Après avoir écumé trois
à quatre magasins, je choisis un vélo de type VTC (pour
les spécialistes : cadre alu bien qu'il y soit écrit en
gros CARBON, roues 700x35C, freins et vitesses shimano, 3 plateaux, 7
vitesses sur le dérailleur). C'est tout à fait ce qu'il
me faut.
J'installe porte bagage et compteur.
Me voilà prêt.
J'ai en tête un itinéraire
très général : montée un peu vers le nord
puis vers l'est, puis du Sud pour traverser les montagnes, avec le
pèlerinage d'Adam's peak, retrouver la cote sud de l'ile et
remonter par la côte ouest jusqu'à Colombo.
Plusieurs difficultés
m'attendent :
- La circulation à gauche : en fait on s'y habitue très vite bien qu'étant mal entendant de l'oreille droite j'ai du mal à entendre les véhicules qui me dépassent.
- La conduite des Sri-Lankais : de notre point de vue ils conduisent n'importe comment, dépassant dans les virages, s'arrêtant au milieu de la route, ne respectant pas les distances, le klaxon servant à la fois de feux clignotant, d'avertissement pousse toi que je passe (et souvent d'encouragement au cycliste que je suis). En fait ils conduisent lentement et en général tout s'arrange sans tôle froissée ni cris.
- Les chiens : je n'ai jamais vu autant de chiens errant en ville (au petit matin) ou sur les routes. Ils sont en général paisibles et non agressifs, beaucoup dorment sur la route, mais contrairements aux véhicules à moteur mais tout aussi erratiques ils n'ont pas de klaxon et traversent les routes sans avertir.
- La langue : dans la campagne peu de Sri-Lankais parlent anglais, et quand ils le parlent leur accent est incompatible avec le mien!
- La chaleur : Au début du voyage il a fait anormalement chaud. De plus c'est une chaleur très humide qui me transforme en éponge dégoulinante au moindre effort. Certains jours je buvais jusqu'à 6 litres d'eau entre les repas. Pour éviter de trop me fatiguer, je commençais à rouler avant 6 h du mat me privant ainsi des bons petits déjeuners de certaines guest house.
Ce qui a été facile :
- Circulation : les routes sont en général en bon état, certaines toutes neuves. Les indications routières sont en trois langues (sri-lankais, tamoul et anglais)
- Logement : Au moins dans la région que j'ai fréquentée, il y avait toujours des chambres, guest house ou hôtels. Je n'ai jamais eu de difficulté à me loger.
- Hydratation : beaucoup de petites échoppes tout le long des routes m'ont permis de me ravitailler en eau minérale. Dans presque toutes les régions (sauf en montagne) on trouve des vendeurs de noix de coco. Ils les découpent et offrent une paille pour en aspirer le jus.
- Trouver mon chemin : grâce au GPS de ma tablette et à googlemaps, j'ai pu m'orienter facilement et en particulier quitter Colombo par les petites routes repérées au préalable.
Au départ de Colombo mon logeur
est encore plus ému que moi. Il me fait beaucoup de
recommandations pour éviter les dangers de la route, des
endroits à éviter ... et me redonne son numéro
de téléphone au cas où.
En fait tout s'est bien passé,
hormis la fatigue. J'ai pu effectuer le tour que j'envisageais : une
boucle qui passe dans le centre (montagneux), puis redescente sur la
côte sud et remontée sur Colombo.
Au début du voyage je traverse
la jungle sur des routes très plate. A part des singes,un
énorme lézard et quelques éléphants
domestiqués, je n'ai pas vu de bêtes sauvages. Par
contre énormément d'oiseaux aux cris très variés
semblant se répondre les uns les autres. On a l'impression
d'une bande son d'un film....
Près des villages, c'est le
travail des champs (essentiellement rizières et cocoteraies).
En grimpant ensuite les montagnes la
jungle laisse place aux plantations d'hévéas puis de
thé. C'est alors à perte de vue des collines
recouvertes de théiers aux couleur vert tendre qui confère
au paysage une ambiance paisible. Beaucoup de femmes, un grand sac
dans le dos, travaillent à ramasser les feuilles. Quand je
passe à vélo, je suis salué de grands sourires.
Le climat y est plus agréable,
bien que, la mousson approchant, les averses soient plus nombreuses.
La côte offre de belles plages
avec souvent une houle permettant aux touristes la pratique du surf.
Mais la principale activité y est la pêche. Les pêcheurs
prennent la mer sur des pirogues à balanciers. A leur retour
la plage est animée car la remontée des pirogues sur la
plage nécessitent des bras. (Peu de traces visibles du Tsunami de 2004 qui ici a tué 40000 personnes, si ce n'est quelques ruines, un petit musée, les pirogues relativement neuves, un bord de mer souvent reconstruit)
Une grande animation commerçante,
souvent bruyante, toujours colorée donne de la vie au gros
villages et villes traversées (animation un peu fatigante
après une journée de vélo quand j'y cherche
désespérément la guest house où je
pourrai prendre une douche tant révée.)
Je visite les temples bouddhistes et
hindous. J'aime l'ambiance des temples bouddhistes et la décoration
complètement déjantée (de notre point de vue)
des temples hindous....
Dans la ville de Kandy un grand temple
est censé abriter une dent de bouddha. C'est un très
grand temple, beaucoup de finesse dans la'architecture. C'est une
foule continue de fidèles, les mains chargées de fleurs
et de pétales, qui vont porter leurs offrandes.
A Kandy, dans le jardin botanique, je
suis abordé par une personne qui m'a vu arriver en vélo.
Il se présente, un ancien champion cycliste du Sri-Lanka. On
sympathise. Une dizaine de jours plus tard, je passe par son village,
et il m'emmène visiter les environs, en vélo bien
entendu. Lui sur un beau vélo de course. Je lui donne mon
compteur qui je sais sera bien utilisé.
Par trois fois je délaisse mon
vélo:
Je fais un aller retour en train pour
visiter la ville d'Anudharapura. C'est une ancienne capitale du
Sri-Lanka. Il y a des temples qui ont 2000 ans. Les stupas montrent
leur briques. Ils sont mystérieux ( on ne sait pas ce qu'ils
renferment) et dégagent par leur proportion une impression de
force tranquille.
Le parcours en train est lui même
une aventure : train bondé ( c'est le nouvel an bouddhiste)
aux portes toujours ouvertes...
Puis je fais une escapade (train et
bus) pour aller faire le pélerinage d'Adam's Peak, pèlerinage
que tout bouddhiste sri lankais doit avoir fait au moins une fois. Il
s'agit de gravir le pic Adam (Sri Pada pour les sri lankais. Ce pic
aurait vu Adam et Eve arriver sur la terre après avoir été
chassés du paradis. Bouddha y aurait quitté la terre
pour son Nirvana.
Monter ce pic représente une
ascension de mille mètres de dénivelé (plus de
5000 marches) que la plupart des gens font de nuit pour éviter
la grosse chaleur, et les pluies de l'après midi. Le mieux est
d'arriver au sommet pour le lever du jour.
Pour aller au départ j'ai pris
un train bondé de bondé, car c'est les vacances du
nouvel an, puis un car lui aussi bondé, les gens profitant des
vacances pour faire le pèlerinage.
Le point de départ est un
village avec des guest houses et des baraques auberges à
pèlerins et vendeurs de thé et souvenirs sans oublier
les vendeurs de bonnets pulls et couvertures.
Beaucoup de monde, des cars, minibus et
tuk tuk partout.
Réveil à deux heures du
matin. Le sentier censé être éclairé, ne
l'est pas. Heureusement que la lune est pleine et que j'ai une lampe.
Peu de monde au départ car je
suis en retard. Mais je croise beaucoup de gens qui redescendent.
Beaucoup sont fatigués à la limite de l'épuisement.
Certains sont assis sur les marches, d'autres boivent du thé
dans des gargottes le long du sentier.
Je dépasse beaucoup de pèlerins.
?
Il y a des gens de tous les âges:des
vieux sont aidés, des bébés portés dans
les bras, des enfants qui pleurent parce qu'ils en ont marre de
marcher dans la nuit.
Un peu sous le sommet on piétine
pour avancer tellement il y a de monde (1h30 pour faire 50m de
dénivelé! !) Il fait froid pour la première fois
que je suis au Sri Lanka.
Puis une rumeur, tout le monde se
tourne et admire le soleil se lever. Au sommet il y a un monastère
et l'on passe devant un oreiller portant une marque de pas de
bouddha.
La vue est superbe, et l'on peut voir
l'ombre du pic se dresser verticalement sur la brume comme un
nouvelle montagne.
Ambiance garantie.
J'effectue trop rapidement la descente.
Cela me vaudra des courbatures le surlendemain!
Enfin, je profite de quelques jours sur
la côte pour faire de la plongée sous marine au milieux
des poissons tropiquaux : un bel aquarium. Je saisis l'occasion de
passer un diplôme de plongée que j'aurais du présenter
il y a quarante ans....
Quelques bons souvenirs le long de la
route :
Dans une montée
très raide, je suis obligé de descendre et de pousser
le vélo, puis trop fatigué, de poser le vélo et
de m'assoir par terre : les chauffeurs de tuk tuk s'arrêtent
tous pour me réconforter...
Une fois après
avoir bricolé le vélo, je repars en oubliant une
sacoche (contenant mon appareil photo, ma tablette, mon journal...).
3 kms plus loin je m'en aperçois et fais demi tour. Je
retrouve ma sacoche qu'un travailleur avait récupérée.
De joie je lui fais la bise, il en est tout surpris et ne veux pas
que je le dédommage...
Le sourire des
gamins qui attendent le car scolaire au tout petit matin. Garçons
comme fille sont tout de blanc vêtus avec la cravate noire. Les
filles ont généralement deux nattes, impeccables.
De retour à Colombo, je trouve
facilement à revendre mon vélo à un garçon
travaillant dans un magasin de cycle. Il fait une bonne affaire. Je
suis content pour lui.
Le lendemain je dois prendre l'avion
pour rentrer....
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