A Dakar nous retrouvons avec plaisir l’équipe du CVD, en
particulier le passeur Moussa, le voilier Diego et les autres…
Le mouillage serait un petit paradis si l’eau n’était si
sale : le sable est blanc et fin, la baie abritée de tous les vents, les pirogues
colorées des pêcheurs passent au lever du jour, des milliers d’oiseaux
(aigrettes, cormorans, vautours, busards) nous survolent en formation, le matin
vers le marché au poisson, le soir en sens contraire, les levers de soleil
colorent la mer de l’orange au rouge en passant par le vert émeraude, le bleu,
tout cela accompagné de l’appel du muezzin ou de chants de coqs ….
Joli mot du passeur
Moussa après que le bateau des douanes faisant le tour du mouillage n’a pas accosté MORGANE à bord duquel était
Noëlle : « Noëlle a marabouté la douane ! » suivi d'un grand éclat de rire.
Dernier tour au
marché Kermel, à la police maritime pour faire tamponner la sortie sur nos
passeports, nous levons l’ancre le 3 décembre, passons devant Goré, peu de
vent jusqu’ à l’ile madeleine au large
de Dakar, puis du vent se lève nous permettant de rejoindre l’ile de Sal au Cap
Vert en
deux jours et demi de voile. L’allure n’est pas confortable car nous
sommes au près : le bateau est gité et face à la houle il tangue et
parfois tape dans le creux des vagues.
Noêlle aperçoit un jet de baleine à plusieurs reprises, moi
je vois une petite baleine (orque ?) sauter complètement hors de l’eau et
retomber en faisant éclater une immense
gerbe d’eau.
Côté pêche, on se rattrape de nos mauvaises performances : un petit
thon, une daurade coryphène et une bonite : de quoi faire le plein de
protéines.
Sur la fin, on ralentit le bateau de façon à arriver au
petit matin à la pointe nord de l’ile : C’est désertique, avec des petites
montagnes de roche rouge. Le lever du jour colore joliment ces restes d’anciens volcans.
Nous mouillons à Palmeira sur la côte Ouest de l’ile. Nous
faisons les formalités d’entrée dans le pays en allant à l’aéroport et à la
police maritime.
Ici le relief n’est pas assez important pour permettre la
formation de nuages et donc de la pluie. Comme dans les iles de l’est des
canaries, il n’y a pas de végétation. L’ile doit son nom au sel qui est
exploité dans une caldeira. Les seules ressources de l’ile sont le sel, le tourisme (de grands
complexes touristiques dans le sud financés par l’argent (sale ?) italien,
et comme sur toutes les autres iles du Cap Vert le poisson et l’argent ramené par les migrants.
Ce qui frappe ici quand on vient du Sénégal, c’est d’abord
le métissage de la population (toutes les tnuances du noir au blanc), c’est
aussi l’indolence des gens (pas de stress, au rythme de la musique cap
verdienne), l’omni présence de cette musique (dans les taxis, les bars, à la
radio, dans les maisons), la simplicité
des rapports (on ne marchande pas l’aluguer, taxi collectif), la décontraction
des femmes et des filles (très souvent en
mini short de jean), une plus grande mixité dans le travail.
Nous sommes rejoints au mouillage par CRIQUET et son
équipage de 4 jeunes. Nous ne restons que 24h sur l’ile de Sal, et naviguons de
nuit pour rejoindre l’ile de Sao Nicolau plus intéressante à visiter.
Nous mouillons à Tarrafal, au pied de falaises et de canyons
spectaculaires, la mer brise sur la plage de galets faisant un fond sonore
impressionnant. L’ile de Sao Nicolau offre des paysages contrastés entre les
parties exposées au vent (verdoyantes avec culture) et les parties sous le vent
complètement désertiques sans végétation.
Je retrouve le jeune (Francilé) qui, il y a quatre ans, m'avait servi de guide et de gardien d'annexe. Sachant que je le recherchais, il est venu à la nage au bateau au mouillage. Il galère toujours un peu pour vivre : il fait le guide pour les touristes (assez rares sur Sao Nicolau), un peu de pêche sousmarine ... Pour le faire travailler, je lui demande de gratter la quille de Morgane qui, depuis son passage dans le Saloum, est parée de coquillage et d'algues.
Nous faisons 3 belles balades en parcourant les sentiers de l’ile. Ces sentiers sont en
général empierrés quasiment pavés, ils
ont la particularité d’être très très raides. Ils sont empruntés par les
villageois pour se déplacer entre
villages, beaucoup étant encore isolés,
ou pour aller aux champs . Beaucoup d’ânes ou de mules aident aux transports des récoltes. Même
si l’ile n’est pas très haute (1300m), elle offre des panoramas montagneux. Ces
montagnes (très pentues) sont habitées de villages, perchés sur des épaules
rocheuses, et de cultures en terrasse : maïs, manioc, bananiers, canne à
sucre, divers pois… Hommes et femmes travaillent aux champs. Les balades sont
l’occasion de rencontrer ces paysans de montagnes. Dans la montée d’un col nous rattrapons Rosa
qui se repose, échangeons quelques mots. Je l’aide à remettre sur sa tête 2
sacs avec 30 kilos de maïs, pour continuer sa montée sur le chemin extrêmement pentu.
-Montée au Monte Gordo (sommet culminant à 1300 m) à partir
de Cachaco et redescente jusqu'à Vila Ribera Brava. La montée se fait d’abord
parmi les champs (maïs et bananiers), puis c’est la forêt d’eucalyptus et de
conifères. On y voit des filets à nuages : ce sont des filets tendus
verticalement (munis d’une gouttière dans le bas) face à la pente et donc au
vent pour récolter l’eau des nuages. Le sommet lui possède très peu de végétation. Nous y
admirons la belle vue sur l’ensemble de
l’ile et la naissance des canyons qui descendent jusqu’au mouillage de
Tarrafal. Belle descente sur la capitale
Ribera Brava, étonnant village perdu au milieu de l’ile avec son église, ses
ruelles et ses maisons qui nous rappellent l’Europe.
-Traversée Playa Branca-Fragatona-Faja : Pour moi c’est
la plus belle balade : Cela commence par une montée très raide parmi les
champsjusqu’à un col d’où on débouche sur un cirque splendide de montagne
pentue avec beaucoup de terrasses cultivées et le village de Fragotana posé
dans cet écrin de verdure. Ce cirque n’est accessible qu’à pied. Il y fait un
grand silence, rompu uniquement par les cris d’enfant qui dévalent des sentiers
en courant, les bruits d’hommes coupant du bois, des voix des femmes faisant la
lessive dans un ruisseau et faisant sécher le linge sur de grands rochers.
Belle ambiance. Il faut refranchir un col pour sortir du cirque et descendre
sur Faja.
-Traversée Faja-Covada-Ribera Funda-Estancia Bras :
Montée à un col d’où l’on découvre en contrebas le village de Codova. On y
rencontre une grand-mère revenant chez elle de lapuis la fontaine publique avec
sur la tête 25l d’eau et dans les bras
son petit fils. Elle nous parle français visiblement avec grand plaisir car
elle a vécu quelques années en Belgique. Remontée sur une épaule et redescente
jusqu’à la mer. Très joli sentier côtier jusqu'à Estancia bas.
Nous quittons Sao Nicolau et avec un bon vent (20 nœuds) au
près nous rejoignons Mindelo sur l’ile de Sao Vicente.
C’est notre dernière étape avant de traverser vers les Amériques.
Nous y retrouvons France et François avec qui nous avions partagé de bons moments
aux Canaries. Nous revoyons aussi des navigateurs que nous avions rencontrés
dans des escales précédentes en particulier Viki et son mari (rencontrés à Dakar) partis d’Australie il y a plus de dix ans
maintenant sur la route du retour après avoir vécu des aventures fortes
(attaqués en face de la somalie, percutés par un pétrolier en méditerranée).
Lui est fatigué, elle est très vive et intarissable.
Beaucoup de bateaux traversant vers les Antilles ou
l’Amérique du Sud s’arrêtent ici, pour préparer le bateau, refaire
l’avitaillement et attendre une bonne fenêtre météo. C’est une ambiance grand
départ, mais en ce moment il y a beaucoup de vent et de mer. Personne ne part.
Nous espérons une accalmie pour la fin de semaine.
Notre bateau est quasiment prêt.
Mindelo est une ville dont le centre a son charme avec des
maisons coloniales bien entretenues, souvent peintes en bleu rose ou orange, beaucoup
de petites places accueillent gamins jouant à la balle, vieux devisant ou
jouant au wari ou aux cartes, jeunes
draguant. Le marché aux poissons est
très fourni (jamais vu autant de
murènes) et très animé : un coin vente, un coin vidage et écaillage
(avec boite de conserve trouée).
La baie de Mindelo
est magnifique entourée de montagnes elle est bien abritée. C’est à cause
d’elle que Mindelo s’est développe à l’époque des comptoirs escales sur la
route de l’Amérique latine. Beaucoup de vieux cargos finissent leurs vies ici,
soit encore flottants au mouillage, soit
déjà immergés laissant entrevoir quelques tôles. Le port de commerce abrite
aussi de vieux caboteurs toujours en usage entre les îles. Pour les marins
c’est un port mythique : africain encore un peu en Europe et déjà un goût d’amérique latine.
Cette fois ci nous n’aurons pas le temps de visiter Santo
Antao et les iles du Sud. Il me faudra revenir une troisième fois ….
J'aborde cette prochaine transat beaucoup plus sereinement qu'il y a quatre ans, c'était alors la première. Le bateau est bien préparé, on partira avec une bonne météo. Noëlle, elle, est plus inquiète...
Les dernières informations de météo nous font envisager un
départ dimanche 22 décembre. Il nous faudra entre deux et trois semaines pour
rejoindre Jacaré au Brésil (au nord de Recife). Le vent devrait être portant, avec
l’incertitude du pot au noir (ZITC pour les initiés). C’est une zone sans vent,
avec des grains séparant les régimes des vents des hémisphères nord et sud.
Cette zone est globalement située au nord de l’équateur, elle bouge tous les
jours et est plus ou moins large. Il est bon d’y passer à l’endroit où elle est
la plus étroite. Nous comptons sur notre ami Michel d’Avel-Dro pour nous router
au mieux.
A bientôt et bonnes fêtes à tous
Au mouillage à dakar |
Pêcheurs à Dakar |
Daurade Coryphène |
Sao Nicolau : Maison de Madeleine |
Salines à Sal |
Barques de pêche (Sal) |
Fontaine publique (Sal) |
Retour de pêche (Sal) |
Filet de nuages (Sao Nicolau) |
Dans la forêt en montant au Monte Gordo (Sao Nicolau) |
Sao Nicolau |
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Madeleine devant chez elle (Sao Nicolau) ... |
... son petit fils et sa fille |
La canne à sucre |
Les pois |
Les pousse-pieds |
Dragonnier en montagne (Sao Nicolau) |
Retour de balade en taxi collectif |
Au marché |
Rosa avec ses 30kg de maïs sur la tête |
Manioc |
Fier couple de paysans |
Au mouillage à Sao Nicolau |