C’est mon troisième passage à Dakar, je trouve la ville
moins fatigante qu’il y a quatre ans, mais encore plus d’embouteillages et de
pollution. Nous faisons nos formalités d’entrée en une demi journée (d’abord à
l’aéroport, puis à la police du port, puis un premier bureau de douane, puis un
deuxième bureau des douanes, avec entre temps des photocopies et encore des
photocopies, le tout en étant toujours très bien accueilli).
A Dakar, nous avons aimé le marché Kermel, une halle tout en
rond avec vendeurs de fruits et légumes, poissons, jolis éclairages. Le marché
Sandanga vient d’être fermé (en raison d’insécurité), mais les alentours sont
toujours très animés, trop pour Noëlle.
Nous avons aimé la beauté des femmes, les couleurs des robes
et pagnes.
Nous avons aussi aimé marcher sur la plage d’Han au milieu
des pirogues très colorées. Nous y rencontrons Raymond un pêcheur qui répare sa
petite pirogue qu’il manie à la rame. Réparation avec des bouts de sangle qu’il
colle avec du polystyrène fondu… Le marché aux poissons proche du CVD est fort
en couleurs et odeurs. Le débarquement du poisson est un fourmillement de
porteurs faisant l’aller retour avec les pirogues mouillées à quelques mètres
du rivage.
Nous avons aimé, dans les belles couleurs du lever du jour, voir, depuis le bateau au mouillage, partir
les petites pirogues à la rame avec leurs pêcheurs solitaires, dont Raymond.
Nous avons aimé l’ambiance du CVD avec le passeur Moussa, le
voilier à qui nous faisons faire une protection pour l’annexe, la vendeuse de
beignets, la vendeuse de drapeaux….
Nous avons moins aimé la pollution de la baie avec les
rivières égouts se jetant directement dans la mer. Des efforts sont cependant
faits pour nettoyer la plage. Mais la
mer, ici est impropre à la baignade.
Dommage…
Nous avons moins aimé d’être de temps en temps harcelés
surtout vers le marché Sandanga par des vendeurs ou rabatteurs.
Noëlle s’étonne du nombre d’handicapé pas appareillés et de
l’état des chaises roulantes. Cela dénote le niveau sanitaire très bas du
Sénégal.
Nous nous rééquipons en ordinateur et appareil photo.
La famille navigant sur le catamaran ZEN nous a rejoints au
CVD, et nous faisons ensemble une excursion au Lac Rose.
La famille ZEN, bloquée à Dakar en attente d’une pièce de
son pilote, nous confie du matériel scolaire (acheté à dakar avec deux instits)
et les 2 instits à amener dans le Saloum dans le cadre de l’ONG Voiles Sans
Frontières (VSF).
Nous quittons donc Dakar le samedi 2 novembre avec nos deux
équipiers (Fodé et Caramba) aux aurores, le bateau lesté des cartons de livres,
cahiers et stylos. D’abord une belle brise, puis le vent tombe et nous finirons
au moteur. Nous croisons beaucoup de pirogues en pêche devant Mbour et Jola.
Nous assistons à la pêche au filet en cercle. Des pêcheurs se jettent alors à
l’eau et frappent la mer avec les bras pour effrayer les poissons.
Nos deux équipiers ne supportent pas très bien le voyage, et
s’éteignent au fur et à mesure des miles parcourus .
Au cours de la navigation j’apprends la naissance de ma
petite fille Salomé cher Mathilde et Rodrigo.
L’entrée dans le fleuve Saloum ne se passe pas très
bien : voulant suivre des traces informatiques que l’on m’a passées au CVD
et suivant les indications fournies oralement, j’ai essayé de passer au Nord de
la passe. Nous avons touché et avons du
faire demi tour. Nous avons alors aperçu les bouées d’un chenal au milieu de la
passe qui ne pose aucun problème (au moins 6 m d’eau). Nous arrivons peu après
à Djifere où nous mouillons devant une plage. Beaucoup d’animation sur l’eau
devant ce village de pêcheurs. Des
pirogues par dizaine entrent et sortent, certaine font 30m de long. Le bateau
au mouillage dans l’eau tranquille, nous trinquons à Salomé.
Dans la nuit nous
essuyons 30 noeuds de vent de NE, le mouillage n’est pas bien abrité, mais le
mouillage a bien tenu. Fodé était inquiet (dormant dehors il m’a appelé dans la
nuit croyant que nous allions à la côte).
Dimanche 3 novembre nous remontons le Saloum, grand fleuve
balisé. Le balisage a un peu changé par rapport aux cartes, mais il y a pas mal
de fond et en étant vigilant aux casiers (pièges à crevette) cela ne pose pas
de problème. Nous sommes ralentis par un bon courant contraire. Les berges sont
couvertes de forêts palétuviers laissant voir des où des pirogues s’enfoncent.
Nous apercevons beaucoup d’aigrettes, des cormorants quelques pélicans. Des
pirogues de pêcheurs ou de transport en commun (appelés ici les horaires) elles
peuvent prendre des racourcis. Nous, nous nous efforçons de bien suivre le chenal.
Au fur et à mesure de notre progression dans le Saloum nos deux équipiers se
réveillent et prennent plaisir à barrer.
Nous arrivons devant le village de Velingara où j e débarque
Fodé avec l’annexe. Une pirogue va venir le chercher pour aller dans son
village natal (Diamnadio). Dix minutes plus tard nous mouillons devant le
village de Rofangué notre destination pour cette mission. Une grande pirogue
vient à couple ( à ma grande frayeur).
Nous y chargeons les cartons de
fournitures scolaires et Caramba qui nous indique que les femmes nous attendent
à terre. Le temps de passer une chemise et des chaussures, nous embarquons sur
la pirogue qui nous amène au village : Les femmes en deux rangées
chantent, rient, crient, dansent en tapant sur des bidons et en rythmant avec
des calebasses. Joyeuses ambiance. Nous dansons aussi un peu.
Nous rentrons au bateau
un peu fatigués de la navigation et émus de l’accueil.
Les deux jours suivants, nous avons marché sur cette petite
ile avec 3 villages (Rofangué, Velingar et Baoute). Le plus gros Baoute a 900
habitants. C’est le seul qui possède alimentation et un boulanger. La terre est
désertique, le sel remontant par
capilarité. Quelques vaches et chèvres . Peu de culture. Les gens y vivent
de la pêche de poissons et crevettes (les hommes) et de coquillages (les femmes
à marée basse). Les puits deviennent saumatres, ils sont obligés d’installer
des récupérateurs d’eau (souvent financés par des ONG). Dans les villages les
gamins, en très grand nombre, nous font la fête et sont un peu collants)
Nous visitons les écoles de nos deux instits. Tout y est
très sommaire. Par contre dès qu’on entre dans une classe, tous les élèves se
lèvent et reprennent en chœur : Bonjour Madame, Bonjour Monsieur, dès
qu’on sort : Merci madame, merci Monsieur. Les élèves sont tous très bien
habillés pour l’école alors qu’en dehors de l’école c’est souvent en haillons
et pieds nus que sont les gamins.
En tous les cas chapeau aux instiis pour apprendre le
français à des enfants qui ne le parle qu’à l’école, avec si peu de moyen .
Visite à la Matrone : c’est une personne en charge de
la santé du village. Elle n’est ni docteure, ni infirmière. Elle a reçu une
petite formation et fait les soins courants et les accouchements. On y aperçoit
une maman avec son nourrisson de quelques heures. Chapeau aussi à la matrone…
Nous quittons Rofangué et remontons jusqu’à
Foundiougne. Une heure et demi de
navigation toujours sur le chenal balisé. Nous mouillons devant une petite
plage avec un campement derrière (Le Piroguier). Aujourd’hui c’est jour de
marché. Beaucoup de pirogue arrivent chargées. Le Bac venant de la rive Nord,
lui aussi amène beaucoup de monde et de marchandise. A côté des villages où nous
étions, Foundiougne nous parait grande ville. Beaucoup de monde au marché
hebdomadaire, où on trouve fruit, légumes, poissons sur de tout petits étalages
à ras du sol. Quelques tissus, et quincaillerie aussi. Il fait très chaud. Les
gens se connaissent, se saluent, font la causette. Nous croisons notre instit de
Rofangué Caramba venu à Foundiougne pour faire des papiers à l’inspection
académique.
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