vendredi 10 février 2017

Passage du canal de Panama Janv-Fev 2017



De Panamarina à Panama City : Passage  du canal de Panama Janv-fev 2017


Pas beaucoup de miles pour cette étape mais un passage vers un nouvel océan, un sas qui s’ouvre vers une nouvelle aventure où les distances sont plus longues, les ressources en matériel plus aléatoires, un retour par la même route beaucoup plus difficile …..

Après les fêtes de Noel et jour de l’an en famille où nous avons découvert les deux nouveaux petits enfants (Eoline et Pablo) je rejoins le bateau à Panamarina.  Noelle dont la main nécessite des soins de kiné me rejoint 10 jours plus tard. Malgré quelques grains, il pleut beaucoup moins qu’en fin d’année, les fleurs sont sorties, le pays est plus accueillant.
Nous passons deux jours à visiter Panama city, étonnante par son côté moderne (front de mer bordé de gratteciel) surtout en comparaison avec Colon qui semble abandonnée à sa misère.

Panamarina, petite marina tenue par Sylvie et Jean-Paul, est un endroit bien sympathique avec un bon restaurant, mais est complètement perdue au milieu de la forêt. On y entend souvent les singes hurleurs, on aperçoit des capucins quand on emprunte le tunnel de mangrove en annexe pour Puerto Lindo, des paresseux et même un serpent baguette… On y retrouve des copains navigateurs que l’on avait connus au Brésil (Ingrid et Philippe sur Iris, Dominique et Domie sur Bilbo).
Quelques menus travaux et nous préparons notre passage du canal en contact avec notre agent Susy.
La pression monte car le passage du canal outre le côté symbolique de la fin d’un chapitre de notre voyage est aussi un moment délicat avec ses 6 écluses qui nous permettent de monter 26m et évidemment d’en redescendre à peu près de la même hauteur (qui dépend de l’état de la marée côté pacifique).  Le passage des écluses se fait en général avec un cargo, les courants peuvent y être violent, les voiliers sont attachés par des amarres qu’il faut manipuler avec dextérité pour éviter aux bateaux de se retrouver dans des positions dangereuses..
Pour passer le canal le processus est un peu compliqué ; tout d’abord il faut prendre rendez- vous pour faire mesurer le bateau. On se rend alors à un mouillage précis(mouillage des Flats)  et on attend le mesureur qui comme son nom l’indique va mesurer le bateau, l’inspecter (verifier que l’on a des toilettes pour que le pilote que l’on embarquera puisse se soulager !), s’assurer de notre vitesse maximale etc.
Ensuite retour au mouillage du club nautico et taxi pour aller à la banque payer le droit du passage. Attention il ne faut pas dire au chauffeur que nous allons à la banque il pourrait alors se douter que nous avons des dollars sur nous et nous faire un mauvais coup ! Arrivé à la banque il faut attendre car c’est l’heure du déjeuner puis on paye en liquide 1875 dollars (dont 800 sont une caution qui nous sera restitué si nous n’abimons pas le canal ou autre ....). Puis le soir à 18h on appelle les autorités  pour savoir quel  jour nous passerons. Nous avons été mesuré le mardi et nous sommes programmé pour dimanche en même temps que nos amis du bateau Ivadel (rencontrés au Brésil il y a 3 ans et à Trinidad fin 2015).
D’ici le dimanche il faut récupérer des amarres en location et des pneus pour servir de parebattage, contacter des copains pour savoir s’ils seront disponibles pour faire les handliners (manipulateurs des amarres dans les écluses). Il en faut obligatoirement 4. Jean-Marie et Agathe du bateau Melimela  répondent présents. On demande alors à notre agent de nous  trouver un handliner, Noelle faisant la quatrième.
Le dimanche les amarres à bord, les pneus installés, les copains et Raoul(handliner) récupérés, nous retournons au mouillage du Flat pour attendre notre pilote. Nous sommes 3 bateaux français (Ivadel, Bakun et nous) à attendre. Jean-Marie et  Raoul mettent au clair deux amarres. (nous serons à couple d’Ivadel et n’auront que  les deux amarres du  côté du mur de l’écluse à manipuler. ( Agathe et Noelle seront les assistantes).  Nos pilotes arrivent à 14h30. Le notre s’appelle Robin, il  est très jovial. Avant de rejoindre le chenal nous attendons le passage d’un cargo orange. Il sera avec nous dans les écluses. Direction les écluses de Gatun que nous  atteignons en une heure. Le cargo entre dans l’écluse, c’est impressionnant car il ne laisse que quelques  dizaines de centimètres sur les côtés, pendant ce temps nous nous mettons à couple d’Ivadel sur babord, Bakun  sur tribord et nous rentrons dans l’écluse à 3 bateaux de front. Le pilote sur Ivadel  joue le chef d’orchestre en nous demandant de mettre les gaz en avant ou en arrière pour entrer bien dans l’axe de l’écluse et ne pas percuter le cargo qui est déjà placé. Des éclusiers nous lancent deux toulines (de manière très précise) pour récupérer nos amarres. L’écluse se ferme derrière nous, le moment crucial commence. L’eau monte très vite créant des remous dans tous les sens, il faut alors récupérer le mou dans les amarres de façon à ce que les bateaux restent bien dans l’axe. En un quart d’heure le niveau monte de 8m, les portes de devant s’ouvrent, le cargo devant nous, tracté par des locomotives, met quand même des gaz pour passer dans l’écluse suivante et crée encore d’avantage  de remous, puis nous enchainons ainsi deux autres écluses. Tout se passe bien et mon stress diminue tangiblement  quand nous entrons dans le lac Gatun.  Le bateau bat son record d’altitude (28m) ; l’eau est calme et nous atteignons le mouillage du lac(sur une bouée) à la nuit. Robin est alors récupéré par une vedette de pilotes. Nous évacuons le stress de la journée par un bon repas préparé par Noëlle et une bonne bouteille de rouge apportée par Agathe et Jean Marie. Bonne ambiance à bord. 
Le lendemain vers 7h notre nouveau pilote Guillermo embarque. Il est beaucoup moins sympathique que Robin. Il nous demande de naviguer à 6 nœuds en suivant le chenal et a du mal semble-t-il à supporter les femmes à la barre… Nous traversons alors le lac Gatun  parsemé d‘iles boisées le long d’un chenal très bien balisé en croisant toutes les 20 minutes un gros cargo. Nous ne verrons pas les lamentins (sorte de dauphins blancs) ni les crocodiles qui parait-il y habitent. Nous avons une pensée pour ceux qui ont construit ces écluses, ce canal et ce lac il y a plus de 100 ans (premier passage de bateaux en 1916) car nombreux sont morts de la malaria.
Nous croisons aussi des remorqueurs, une dragueuse,  apercevons le train. Agathe a l’impression que tout ceci n’est qu’un immense playmobil animé !
 Après 51km à bonne allure c’est à 11h, comme prévu et au grand soulagement de notre pilote que nous arrivons devant l’écluse de Padre Miguel, la première écluse descendante. Nous nous mettons à nouveau à couple  avec Ivadel et Bakun. Ce sont les voiliers qui entrent en premier dans l’écluse.  Cette fois ci l’eau baisse ne créant pas de remous mais de fortes tractions horizontales  sur les amarres et les chaumards. Je crains que quelque chose ne s’arrache mais heureusement tout tient parfaitement. Quand la porte de la dernière écluse s’ouvre c’est le  moment émouvant : on change d’océan, notre voyage prend une autre dimension. Ce moment j’en rêvais depuis longtemps. On y est maintenant.
On passe alors sous le pont des Amériques qui annonce le pacifique depuis 1962 aux dizaines de milliers de marins de tous les pays qui sont passés là. Ce magnifique pont en arche métallique  a été longtemps le seul pont entre l’Amérique du nord et l’Amérique du sud.
Notre pilote Guillermo est récupéré par une vedette, et nous allons mouiller au bout de la presqu’île de Amador au mouillage de la Playita en faisant attention aux marées (ici 5m de marnage alors que côté caraibes c’est 30 cm). Agathe, Jean-Marie et Raoul débarquent, le travail parfaitement accompli.
Nous nous retrouvons tout seul sur le bateau réalisant doucement que ce passage est terminé, que tout s’est bien passé sans casse et dans la bonne humeur. Je pique alors une tête dans l’eau qui me parait bien froide (24°, soit 6 degrés de moins , ce en raison du  courant froid de Humboldt !) me faisant prendre conscience que nous sommes bien dans le Pacifique……


Pour les voileux
Panamarina : Marina (seulement sur bouée) ou chantier au sec bien sympathique. L’accès par un chenal de jour peu praticable par forts vent et houles de N à NE. Peu de communication par bus(3km de la route). Le plus pratique et d’aller en annexe par le tunnel de mangrove à Marina Linto ou à Puerto Lindo (chez Hans) et de récupérer un bus.
Puerto Lindo :  Mouillage fréquenté mais pas mal de place POS 09°36.672N 79°35.248W 12m de fond.
Porto Belo Mouillage abrité des vents de N a SE en passant par l’E. Beaucoup de dégâts sur les bateaux avec le passage d’Otto en novembre. POS 09°33.415N 079°39.657W 13m de fond. Débarquement  à Casa de Vela assez sommaire.
Nous avons passé une nuit à la marina de Shelter Bay pour récupérer un génois fabriqué en chine et expédié directement à la marina.
Mouillage aux Flats (pour se faire mesurer) : POS 09°20.663N 07°54.564W 11m de fond. Débarquement en annexe impossible.
Mouillage au Club nautico 09°21.879N 079°53.554W 8m de fond. Mouillage moins bien protégé et moins  étendu  que les flats. Attention aux propulseurs d’étrave des bateaux de croisières qui mettent les bateaux du mouillage dans tous les sens. Débarquement au Club nautico : 3 dollars par jour et par personne. Pas sympathique, mais courses faciles à Colon 2000. C’est ici en général qu’on récupère les pneus, les lignes et ses équipiers pour le passage du canal.
Passage du canal : nous avons pris un agent Susy recommandé par Panamarina. Un agent n’est pas indispensable. Sans agent on économie 350 dollars.
Pour la manipulation des amarres nous avons été contents d’avoir Jean Marie et Raoul. Eviter les handliners qui ne sont pas des marins ou qui n’ont pas d’expérience du transit. Une erreur peut alors se solder par les bateaux en travers de l’écluse : pas bon pour ceux qui vont frotter sur les murs. Raoul le handliner fourni par notre agent était très sympathique et professionnel.
Recommandation de bien préparer le bateau en enlevant ce qui est superflu à proximité des taquets et chaumars (drosses d’enrouleur de génois, bouées couronnes , feu à retournement etc) prendre des pneus protégés par du plastique comme parebattage. Bien mettre au clair les amarres suffisamment en avance . Nous avions protégé les panneaux solaires mais les éclusiers ont été très précis dans leurs lancers de touline.  
Je craignais un arrachement de taquet ou chaumard : beaucoup de tension verticale dans les écluses descendantes. Nous avons utilisé le winch (pas le taquet) pour l’amarre arrière. Tout s’est bien passé heureusement.
Mouillage de la Playita côté Pacifique : POS 08°54.531N 079°31.496W 4M de fond à la plus basse mer. Bien abrité du N. Débarquement en annexe à la marina (53 dollars par semaine)



Dentelle de corail près de Panamarina


A la sortie du bain

Mouillage de Puerto Lindo

Porto Bello après le passage d'Otto
Porto Bello : artiste en action

Les remparts de Porto Bello : beaucoup de richesses pillées par les espagnols transitaient par là.

Porto Belo

Los Diablos : carnaval des ongo (descendants des esclaves africains)

Los Diablos



Panama City : étonnante de modernité

Folklore à Panama : La Pollera

Le front de mer du  Panama moderne


Panama quartier antique


A gauche le Torrnillo

Panama : mercado des mariscos

un bateau de croisière dans une écluse à Miraflores

Panama

Panama : hommage à Allende

panama le Biomuseo (architecte Franck Gehry)

Chauve souris qui nous rend visite la nuit quand on a des bananes
Mouillage à Colon

Colon, le mesureur en pleine action
Au mouillage du club nautico (Colon) nous sommes dans la cour des grands!
Colon : un voisin en manoeuvre

Colon : les bus sortent du bac

Equipage en partance vers le canal

Le cargo qui sera avec nous dans les écluses de Gatun


Raoul un handliner

Le cargo entre dans l'écluse freiné par un remorqueur

Lancement de la touline

La porte se ferme sur l'Atlantique



Jean Marie a bien préparé son amarre.



Passage d'une écluse à la suivante


A couple d'Ivadel
Arrivée sur le lac Gatun en fin de jour

Mouillage sur le lac Gatun
Sous le pont du centenaire
Paysage du lac Gatun



Ecluse de Miraflores, les petites locomotives servent à tracter et freiner les cargos

Le capitaine encore un peu tendu pour la dernière écluse
Derrière cette porte : Le Pacifique tant attendu
Le pont des Amériques entrée symbolique dans le Pacifique!



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