jeudi 23 juillet 2020

Le voyage immobile à Langkawi (Malaisie) Mars-Juin 2020

Le voyage immobile de Morgane à Langkawi (Malaisie) Mars-Juin 2020

2020 Année noire, Année blanche.

Année noire pour toutes les victimes du Covid 19 et de ses dramatiques conséquences.
Année blanche pour le voyage de Morgane qui après 3 mois de touts petites navigations erratiques dans l'archipel de Langkawi (Malaisie) a retrouvé sa place au chantier de Rebak !

Arrivés début mars au chantier nous retrouvons Morgane quasiment prêt à être remis à l'eau. Heureusement pour nous car nous avons pu quitter la marina 2 jours avant le confinement  et la fermeture des ports et des frontières intervenus sans prévenir.

Notre programme de navigation (Thaïlande, accueil de Sébastien et sa famille, navigation vers Madagascar ..) est à revoir. Le voyage de Sébastien est annulé, la Thaïlande et Madagascar ne seront pas pour cette année...

Notre confinement sur le bateau est assez léger, nous pouvons changer de mouillage d'îlot en îlot,  nous baigner (eau à 30° mais très chargée en planctons et quelques méduses), débarquer sur des plages désertes (mais pas exemptes de bouteilles plastiques et autres déchets), aller faire des courses sur l'île principale, partager des apéros avec quelques bateaux copains.

Ce côté un peu paradisiaque est relativisé par les nouvelles de France et du monde que nous avons sur Internet : l'attente anxiogène d'un tsunami invisible mais inéluctable, la mise en oeuvre de ce confinement inédit, les courbes de décès.....

Ici à Langkawi nous nous sentons protégés car il n'y a pas de cas connu de Covid 19, d'un autre côté nous nous sentons loin de nos enfants et petits enfants mais étant en France qu'aurions nous pu faire pour eux...
Nous essayons de garder un contact  : longues sessions Whatsapp, partage d'articles et vidéo sur le confinement,  j'envoie tous les jours des énigmes et charades aux petits enfants, Aristide lui  m'envoie  son journal quotidiennement.

Langkawi est une île très prisée par les touristes asiatiques avec de fréquentes liaisons aériennes et maritimes. Du jour au lendemain aucun avion, aucun  bateau de passagers et aucun touriste.
On redécouvre des mouillages près de l'aéroport devenus soudainement calmes, ou d'autres qui redeviennent agréables sans les nuisances des jet-skis et des navettes incessantes de touristes. Nous pouvons observer de près des loutres de mer, des aigles, des singes (à qui nous apportons nos déchets alimentaires), un requin léopard, des dauphins aux reflets roses  ...

Langkawi privé de ses touristes et confiné perd de son animation. La prise de température et l'inscription de ses coordonnées sont systématiques pour rentrer dans tous les commerces ouverts. Le confinement a été prolongé mais allégé jusqu'au 31 août. Ici les gens ont plus la culture du masque que nous, mais nous avons constaté un relâchement au fil du temps. Il faut dire que l'île étant quasiment isolée, et vu l'absence de cas de Covid le danger semble lointain.


Nous nous faisons des amis voileux ; Gilberte et Nicolas, Anne, Léa et Jacques, Françoise et Olivier, Marie-Noelle et Michel,  Bernard, retrouvons Stéphane déjà vu en Indonésie. Nous partageons de bons moments ensemble au gré de nos rencontres dans les mouillages.

Je pensais faire plusieurs travaux en Thaïlande (changement  des panneaux solaires des batteries et de la chaîne d'ancre). Tout cela est reporté...

Au bout de trois mois nous envisageons de rentrer en France. Nous sommes un peu frustrés d'avoir passé trois mois en Malaisie et de quasiment n'en avoir rien vu!
Quelques formalités pour pouvoir rentrer en marina laisser le bateau malgré le confinement..
Trouver un vol n'est pas simple, après un vol annulé sur Turkish Airlines nous rentrons avec Qatar Airways (le prix du billet doublé). Les aéroports (Langkawi, Kuala Lumpur, Doha et Roissy) sont impressionants par le silence et le vide ; aucun voyageur, aucune boutique ni restaurant. A l'aéroport de Kuala Lumpur nous avons vu les passagers arrivant de l'étranger embarqués dans des bus pour aller en quarantaine dans des hôtels. A Roissy rien de tel ; il y a loin de la com aux faits...

Nous effectuons notre quatorzaine volontaire chez nos amis voileux (Christine et Yves rencontrés à Panama et aux Fidji) dans la montagne à côté de Grenoble. Un plaisir de retrouver la fraicheur avec un beau temps, les prés fleuris, la neige sur les sommets de la chaine de Belledonne et de discuter  de navigation en Patagonie d'où reviennent nos amis.

Par rapport à beaucoup d'amis navigateurs nous avons passé un confinement dans de bonnes conditions. Certains ont été bloqués sur leur bateau plusieurs semaines (jusqu'à 58 jours!) sans pouvoir aller à terre, beaucoup n'avaient pas le droit de se baigner, d'autres avaient des difficultés d'approvisionnement. Les rapports avec les autorités locales ont souvent été tendus (refoulement  dans les eaux internationales, refus divers, séjours en prison ..).

Le plus triste est la méfiance  qui s'est instaurée par rapport à l'étranger qui représente une menace.
Alors que nous avions été si bien accueillis l'année dernière dans les iles du sud de l'Indonésie, on nous a rapporté que certains navigateurs s'étaient fait caillasser. Je comprends cette peur de la part de ces populations en état de précarité qui ont souffert de beaucoup de maladies importées par les colonisateurs.

Le voyage tel que nous l'avons connu jusque là est peut être une parenthèse heureuse qui se referme....


La piscine du complexe Marina/ Resort de Rebak. 3 mois plus tard piscine vidée l'ambiance est sinistre.


Les iguanes très communs ici font penser aux dragons du Komodo en plus petit 

Les singes qui s'epouillent entre eux : douceur et bienveillance

Le caoutchouc fut une richesse de la Malaisie


Une partie de l'archipel de Langkawi



Noelle prête à se défendre face aux singes envahissants


Couple d'aigles


Malheureusement les plages sont souvent couvertes de détritus divers..



Phénomène rare : une auréole ou halo autour du soleil (réfraction de la lumière sur des cristaux de glace)

Pire que l'enchevetrement d'autoroutes : les traces laissés par les habitants des plages








A Kuah la ville de Langkawi.


On est en pays musulman en plein confinement et ramadan 




La marche est sportive dans la foret de l'ile de Singar Besar

Attention le grain avec 40 noeuds de vent arrive



Les loutres marines déjeunent et se reposent pour digérer

Nos voisins de mouillage : bateau de croisières au repos par manque de clients et pêcheurs au lamparo qui se reposent avant la nuit

Olivier mouille sa chemise, il faut dire qu'il fait très chaud et très humide





Dégustation d'huitres 



Les pêcheurs de calamars allument leur lamparo à la nuit venue


Dessin de fleur ou trace d'iguane


Dessin de feuilles ou sable régurgité par des vers

Le singe se régale de nos déchets de mangues ayant servi à la confiture



Quelques jours en marina avant de rentrer. On nous prend la température tous les matins.





Un autre voisin de mouillage : l'ancien bateau d'Alain Colas puis de Bernard Tapie





L'uniforme de notre hôtesse de l'air (ou steward) sur les vols de Qatar ne présage pas de relations humaines apaisées et sereines pour le futur.