mercredi 8 avril 2015

De Jacaré (Brésil) à Saint Laurent du Maroni (Guyane française)

De Jacaré (Brésil) à Saint Laurent du Maroni Guyane.


Après 3 mois d'absence nous trouvons Morgane en pleine forme, pas trop de barbe sous sa coque que l'on a fait gratter.
Nous retrouvons nos copains bretons Marie-Jo et Michel que nous avons suivis pendant leur traversée comme eux nous avait suivis pendant la notre l'année dernière.
A la marina c'est toujours la bonne ambiance avec capirinha partagée le soir, beaucoup de discussions sur les bons mouillages.... Il faut dire que certains arrivent d'Afrique du sud (bouclant leur tour du monde ou venant d'Australie) d'autres d'Argentine, d'autres du Cap Vert ou du Sénégal.
Mais très vite il faut se mettre à l'heure brésilienne car c'est le carnaval!
D'abord à Joa Pessoa où la grande attraction est d'énormes camions-sono avec orchestre sur le toit. Quand ils passent devant le bruit (à ce stade peut-on encore parler de musique?)est insupportable, on se bouche les oreilles, si on met la main sur la poitrine on sent le thorax vibrer les poumons faisant caisse de résonance!
Ensuite à Olinda charmante petite ville où les églises et les maisons témoignent d'un riche passé. là c'est beaucoup de petits orchestres qui sillonnent les rues pentues. La foule est dense, on piétine souvent. Les gens sont déguisés, beaucoup se recouvrent le corps de terre me rappelant les cérémonies d'initiation en Afrique.
Enfin à Recife où beaucoup de groupes de musiciens et danseurs vetus de paillettes, de plumes ou d'habits folkloriques parcourent les petites rues de la vieille ville suivis par du public qui se trémousse au rytme des percussions.
L'ambiance a toujours été bon enfant (attention aux pickpockets, pas vrai Michel?). On y a fait le plein de musique pour les oreilles, de couleurs pour les yeux, de foules, de chaleur ....

Ensuite nous réarmons le bateau, avec quelques courses à Joa Pessoa, une balade avec nos amis sur la rive opposée du fleuve.

Après plus d'un an sans avoir navigué il nous faut reprendre la mer.
C'est d'abord difficile de quitter la marina, de dire aurevoir à Francis, Nicolas, l'irremplaçable Artillo aux copains navigateurs, au village de pêcheurs ....
Ensuite il faut se réhabituer à la mer.
Cette année nous prévoyons de remonter vers le nord jusqu'à Trinidad où nous hivernerons (même si c'est l'été) le bateau. Cela représente environ 2000 miles (pres de 4000 km)
Pour notre première navigation nous ne sommes pas trop ambitieux : nous allons au mouillage au milieu du fleuve à 300 m de la marina, cela sera un peu un sas avant la haute mer.
Cela commence mal la pompe eau de mer pour la cuisine se casse, cela fait une voie d'eau vite arrêtée avec la vanne. Heureusement nous avons une pompe de rechange rapidement installée.
La nuit au mouillage est agréable, le bateau suit les mouvements de la marée mais il n'y a pas de vague, tout est doux.
Le jeudi 26 février nous levons l'ancre , descendons le chenal que nous avions remonté il y a plus de treize mois, retrouvons la mer relativement agitée, un peu de moteur pour sortir du chenal, puis nous sortons les voiles. Le vent de 20 noeuds d'arrière nous fait avancer vite, le cachet de stugeron montre son efficacité pour apaiser les effets de la houle sur nos estomacs plus habitués.
Navigation de 4 jours pour rallier Jericoacoara pas toujours agréable, du près, des grains, puis peu de vent. En fait le pot au noir ( ou ZIC) nous passera plusieurs fois sur la tête pendant un mois!
Par contre la pêche est bonne : une bonite ( 700gr cuisinée en filet, un thon de 3kg ( conserves + rillettes) et un thazard de 4kg en rentrant la ligne le soir ( cuisiné au court bouillon). Noté sur le livre de bord le 28 février : repas midi : gratin de potiron et cristophines avec riletes de thon, le soir pâtes au thon.
Au mouilage à Jericoacoara nous retrouvons Tangara et Youmin deux bateaux partis avant nous.
Jericoacoara est une station balnéaire brésilienne, le seul endroit au Brésil où on peut apercevoir le soleil se coucher sur la mer. Le village est dominé par une grande dune, l'attraction est de monter sur la dune pour essayer d'apercevoir le fameux rayon vert au moment où le soleil disparait sous l'horizon. Malheureusement les nuages étaient toujours là pour gâcher le spectacle.
Promenade agréable sur les dunes. Mais le mouillage est très rouleur rendant pénibles les nuits.
Deux matins de suite des pêcheurs nous donnent du poisson qu'ils viennent de pêcher. Nous leur donnons en échange du pâté de caille aux raisins.
Le 6 mars nous reprenons la mer direction Lencois un village de pêcheurs.
Nous naviguons en contact VHF avec Tangara et Youmin. Navigation de 3 jours marquée par peu de vent, heureusement un peu de courant pour nous aider, beaucoup de pêcheurs la nuit avec de longs filets à éviter. Un matin je vois un morceau de filet dans notre sillage, attaché je descends l'échelle de bain la gaffe à la main, j'attrape un morceau de filet, mon gilet se gonfle alors automatiquement car au contact de l'eau me causant une vive surprise. Il faudra que je me mette complètement à l'eau, après avoir stoppé le bateau pour arriver à dégager le dernier morceau pris dans la quille.
Côté pêche nous attrapons une superbe daurade coryphène de 8 kg qui nous occupe un bon moment d'abord pour la remonter à bord puis pour préparer les filets ( 4 sachets), 5 darnes mises au gros sel4 bocaux de rillettes dont trois stérilisés.
Pour ne pas arriver de nuit, nous nous mettons à la cape pendant 6 heures,. Au matin nous entrons dans le chenal en profitant de voir où passent les pêcheurs qui en sortent. C'est très joli, un passage d'abord dans la mangrove, l'eau est calme, puis nous arrivons sous une grande dune magnifique et apercevons alors le village devant lequel nous mouillons.
Tangara et Youmin nous rejoignent.
Le village de Lencois est sur une ile faite de mangrove et surtout d'immenses dunes d'un sable fin magnifique. Le vent sculpte ces dunes qui révèlent leurs formes avec les lumières du soleil rasant. De plus quand on se promène dessus on aperçoit les dessins d'un sable plus foncé. Ces calligraphies font penser à des vagues ou des chaines de montagnes stylisées à la japonaise.
La balade sur les dunes me rappelle l'erg d'El Oued en Algérie
Ici pas de touriste, le village est loin de tout. Pour téléphoner il faut monter au sommet de la grande dune.
Peu de commerce encore moins de produits frais, un petit centre de santé, une école, les pêcheurs réparent leur filets à l'ombre des carbets.
Un bon lumbago me prive de quelques balades, mais ne nous empêche pas de boire à mon anniversaire avec les équipages de Tangara, Youmin et Neos.

Nous avons beaucoup aimé ce mouillage, la vue sur la dune qui change sans cesse avec la course du soleil, l'ambiance un peu somnolente de ce village posé sur du sable, la spatule rose et l'ibis rouge qui venaient faire leur repas sur la vasière à marée basse, les promenade dans les dunes, le fait d'être un peu loin de tout.

Il est temps pour nous de dire au revoir au Brésil. Le 14 mars nous levons l'ancre, descendons le chenal entre mangrove et dune, remontons pendant 2h au moteur face au vent et à la houle (pas très marrant) puis après s'être dégagés de hauts fonds on peut faire route à la voile. Nous mettons 4 jours pour rejoindre les iles du salut en Guyane en face de Kourou. Un petit thon attrapé, et 3 daurades ont mordu mais se sont détachées car on allait trop vite.
 Un bon courant nous a aidés, mais je suis allé trop au large espérant trouver plus de courant mais rallongeant considérablement la route.
Neos est déjà arrivé. Nous mouillons suivant leur conseil près de la côte nord. Le mouillage selon l'état de la marée est assez rouleur. Youmin et Tangara arivent un peu plus tard.
Les trois iles du salut sont la propriété du CNES et doivent être évacuées pendant le tir des fusées car zone à risque
A partir de 1852 et pendant un siècle elles ont servi de bagne. Al'écoute des récits de cette époque on n'est pas très fier de ce qui s'est passé ici au nom du peuple français. Quelques édifices restaurés et des ruines témoignent de ce sinistre passé. Ces iles sont couvertes de palmiers et de forets. Des petits singes aux pattes jaunes- les Saimiris-se laissent approcher le soir. Sur l'ile de St Joseph, le cimetière des gardiens et familles (les corps des bagnards n'étaient pas enterrés mais jetés à la mer où pullulaient des requins) au bord de l'eau sous la verdure envahissante nous a émus.
Le 20 mars direction Kourou (2h de navigation) et mouillage dans le fleuve un peu en amont du ponton).
Nous sommes à Kourou pour visiter le centre spatial et assister au lancement de Soyouz le 27 mars.
La ville de Kourou n'offre rien de bien particulier. La visite du centre spatial est très interessante. Maintenant nous sommes incollables sur les lanceurs (le terme fusée est réservé aux militaires) Ariane, Véga et Soyouz.
Nous louons une voiture et allons visiter Cayenne avec l'équipage de Toumim.Nous y avons aimé le calme de la place des amandiers face à la mer, le marché du mercredi animé en extérieur, la collection d'insectes du musée de Fanconies, les maisons créoles plus ou moins bien entretenues. Nous prenons le déjeuner avec Arnaud et Line le fils d'amis de Grenoble.
Petite frayeur au mouillage, malgré 60m de chaîne l'ancre a chase dans un grain. Heureusement nous étions à bord!
Enfin le 27 nous assistons au lancement de Soyouz. Ces lancements sont mis en scène par le CNES. On nous fait monter dans des cars pour nous rendre sur le site (situé à une dizaine de kms du lanceur). Là on a une vue dégagée, on voit bien le site de lancement d'Ariane, malheureusement pas celui de Soyouz. Mais de grands écrans nous font vivre en direct les instants précédents le lancement avec images de la salle de contrôle, interview des responsables du lancement et du lanceur qui commence à fumer, et à l'heure H à s'élever d'abord doucement, on entend alors le bruit, puis nous pouvons voir par nous même Soyouz, une boule de feu dans le ciel disparaissant plusieurs fois dans des nuages, réapparaissant toujours, suivant une belle trajectoire et accompagné de son vrombissement. Le lancement a été réussi. Soyouz emportait deux satellites Galileo (le système GPS européen).

Le lendemain nous quittons Kourou pour St Laurent du Maroni. Une nuit de navigation pour arriver au début du chenal qui remonte le Maroni. Petit moment de stress quand on voit des pêcheurs installer un filet en travers du chenal. Nous sommes alors obligés d'en sortir. Heureusement il y a encore assez de fond. La remontée est longue, le fleuve est immense, et nous arrivons au mouillage de Saint Laurent. Il est abrité par une epave d'un cargo de 1925 qui se couvre de végétation. Ous sommes devant le bagne appelé camp de la transportation.
Au mouillage nous retrouvons Avel-Braz rencontré à Jacaré. Neos nous rejoint quelques jours plus tard.
Le Maroni, d'abord peuplé d'amerindiens puis de noirs marrons ( anciens esclaves fugitifs) fait la frontière entre la Guyane et le Suriname.
Escale intêressante d'un point de vue culturel .
D'abord c'est le quartier administratif datant de la période du bagne, dont les bâtiments ont toujours la même fonction (l'école est restée école, la mairie mairie, l'hôpital hôpital ...) Heureusement le bagne n'est plus bagne.
Ensuite c'est ce fleuve qui abrite des villages amérindiens ou noir marron, juxtaposés mais ne se mélangeant pas. Côté Suriname beaucoup d'habitants ont fuit la guerre (1985-1991) en se réfugiant en Guyane et y sont restés.
Enfin nous passons une nuit à observer des tortues venir pondre sur la plage, et repartir dans l'océan. C'était pleine lune, nous n'avions pas besoin d'éclairer nos frontales. Le spectacle était magique.
Le marché de Saint Laurent est très animé. Beaucoup d'asiatiques (issus du vietnam ou du Laos) vendent leur production. On peut y manger des soupes chinoises ou vietnamiennes.

Voilà pour notre escale en Guyane.

Nous allons partir maintenant pour le Suriname.

A bientôt.

Pour les voileux voilà les points GPS de nos mouillages.

Jericoacoara :
2°48.06S 40°31.66W par 2,5 m d'eau. Mouillage rouleur. Débarquement en annexe un peu chaud : prévoir sac étanche.
Lencois (y arriver par le Sud, la passe nord est impraticable) : Attention plus de 5m de marnage.
On s'était mis en 1°19.00S 44°53.0W mais les pecheurs nous on demandaient de changer, nous nous sommes mis 1°19.125S 44°53.233W par 2m d'eau. Débarquement soit devant le village attention à marée basse il y a de la vase, soit au pied de la grande dune (grappin sur la dune).
Peu de ravitaillement de frais (pomme de terre, tomate oignons) petites épiceries.

Iles du Salut : attention aux courants assez forts.
5°17.026N 52°35.533W 7m50 d'eau. Mouillage un peu rouleur. Laisser dégagé le centre et le sud pour les cargos. Débarquement sur ile royale (sur le derrière du ponton flottant) sur ile St Joseph : nous avons mis un va et vientvavec l'ancre à l'arrière car beaucoup de houle et quai en réfection.

Kourou
5°08.864N 52°38.864W Attention vase molle. Débarquement ponton de pêcheurs ou ponton du CNES.

Saint Laurent du Maroni
Derrière l'epave Edith Cavell
5°30.33N 54°02.03W3m d'eau. Privilégier un peu plus en aval s'il y a de la place. Débarquement sur le derrière du ponton flottant. Amarrage de l'annexe sur la passerelle du ponton flottant.
Attention les cartes CM93 présentent une erreur de 0,2 miles!
Le balisage du chenal peut changer. Privilégier la navigation à vue.


Nous au carnaval

A Olinda




































Fourmis au travail








Maquette d'Ariane grandeur réelle

Au fond Soyouz que nous verrons décoller 3 jours plus tard



Soyouz quelques secondes avant le décollage

Soyouz quelques secondes après le décollage

Sur le Maroni
Camp de transportation

Eglise de St Laurent du Maroni

Mangoustans au marché

Notre guide dans le Maroni
Fétiche dans un village de noirs marron

Dessin de racine d'arbre dans le Maroni
Dessin traditionnel ornant souvent les maisons


Fabrication d'un Kulukulu



Chez le guérisseur

Etal de viande de tapir
Après avoir pondu la tortue retourne à l'océan

3 commentaires:

  1. Très belles photos et joli texte.
    Bonne continuation et à bientôt.
    Moïra a bien recue votre carte.
    Adrien

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  2. ça fait toujours rêver, vous récits... Et ça donne faim, tous ce beaux poissons! :)

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  3. Quelles belles photos! Vraiment ça me met l'eau à la bouche et titille mon envie de repartir! Profitez bien de tous ces moments fabuleux et de toutes ces rencontres. Au plaisir de te revoir Daniel et de rencontrer un jour ta moitié.
    Nathalie Régis

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