lundi 2 décembre 2013

De Foundioune à Dakar



Depuis Foundiougne nous avons visité en charrette le village de Soum. Cela nous fait du bien de voir le pays de l’intérieur : très gros baobabs et fromagers, champs de riz où travaillent des femmes à la récolte, les restes des champs d’arachides et de mil cultivés pendant l’hivernage, les trous à sel où l’eau salée remonte et permettant de ramasser le sel. Village propre et bien tenu. Les cours sont souvent ombragées par de gros manguiers, les  chèvres et les moutons sont partout chez eux,le  mil sèche en tas bien ordonnés, sur la place du village les vieux devisent à l’ombre d’un fromager.
Nous assistons au départ des pêcheurs de crevettes à la tombée de la nuit avec des filets tendus entre deux bâtons. Les crevettes une fois pêchées sont mises à sécher sur des tôles ondulées, puis décortiquées et vendues pour être cuisinés. Quand on se promène dans Foundiougne on peut souvent sentir l’odeur de crevette, on aperçoit alors dans la cour les crevettes exposées au soleil, avec  des mouches les survolant.
Belles rencontres avec le gardien du campement du piroguier plein de sagesse, et Famara un des rares voileux sénégalais, qui promène des touristes sur son petit Sangria.

Puis nous levons l’ancre, redescendons un peu le Saloum pour aller mouiller devant le village de Diamniadio. Le voilier ZEN nous y rejoint. Elle a réuni de l’argent pour construire un récupérateur d’eau dans l’école publique du village. Nous venons voir où en sont les travaux. Nous descendons tous à terre où nous sommes accueillis par une bonne partie de la population au son des tam tam et des chants. Nous faisons, avec le directeur d’école l le tour du village, les enfants accrochés à nos bras. Visites obligées au chef de village, puis à l’imam. Diamniadio est un village de pêcheurs sur une ile sans aucune agriculture. Le sol est salé en raison de la remontée d’eau saumatre. Rien n’y pousse sinon les palétuviers et les acacias. Quelques femmes arrivent à faire pousser un peu de bissap. C’est un village très pauvre. Beaucoup d’adultes émigrent soit vers Dakar, soit vers l’Espagne. Beaucoup travaillent dans la navigation (chalutiers où bateaux de commerce français ou sénégalais). Il reste beaucoup d’enfant sans parents élevés par leur grand parents. Ils semblent chercher auprès de nous une affection qui leur manque. C’est un peu gênant.
Le récupérateur d’eau n’est pas terminé, mais les travaux en cours. Guillaume (le papa de la famille ZEN)  donne aux instituteurs un cours d’Excel. Je l’assiste.Nous assistons au match de foot interclasse. (un match de garçons un de filles). Les gamins y déploient une grande énergie et vivacité. Ils sont souvent pied nus, un ne possède qu’une seule chaussure.. Les enfants ZEN y participent.
A marée basse nous apercevons  des dizaines de femmes ramassant des coques (un peu plus tard dans la saison sèche elles vont chercher les huitres. Dans tous les villages du Saloum les coquilles de coques et d’huitres sont omni présente. Elles servent d’empierrement pour certains chemins, elles remplacent les cailloux dans les parpaings, on en trouve dans le ciment, elles remplacent le gravier dans  les cours. Partout il y a des tas de coquilles (amas coquillés). 

Nous quittons ce village au bout de 3 jours un peu saturés de l’agitation de ces gamins qui se pressent pour nous donner la main chaque fois que nous débarquons. Nous disons au revoir aux ZEN qui doivent aller dans d’autres villages.
Nous nous redescendons un peu le Saloum et mouillons à côté de l’ile Ndiar. C’est une ile déserte couverte de palétuviers rendant le débarquement difficile. Nous sommes en pleine nature, en annexe nous allons observer de près les oiseaux : aigrettes noires et blanches, pélicans au planer majestueux, cormorans en bande  volant  en V parfait, perruches aux cris grinçants,  spatules au décollage un peu poussif.

Nous continuons notre descente du saloum et allons mouiller au sud de l’ile de MarLotje devant le campement Marniane (prononcer Marignane). Nous apprécions beaucoup de cette ile qui est plus riante que les précédentes : beaucoup de végétation  Baobas, fromagers manguiers dans les cours, cocotiers palmiers, arbres donnant les noix de cajou. Le village est propre. Poules,  chèvres, moutons et cochons (communauté chrétienne importante)  y vivent en liberté et en harmonie. Il y a une grande église à la mission catholique. Nous ne subissons pas l’assaut des enfants comme à Diamniadio.

Le village est à 40mn à pied du mouillage, nous aimons nous dégourdir les jambes sur ce terrain bien plat.
Nous devons accueillir les dentistes de VSF dont le matériel est stocké à la mission catholique. Nous tentons de remonter le bolon pour mouiller devant le village, mais un peu avant  d’y arriver nous nous échouons sur un banc de sable (heureusement que nous avions choisi d’y aller à marée montante) et faisons demi tour pour revenir au mouillage de Marignane.
Nous aidons nos deux dentistes Anna et Bernard  ainsi que Seydou représentant sénégalais de Voile Sans Frontière à inventorier et à dépoussierer le matériel qui est ensuite acheminé par charrette et transférer sur le bateau avec pas mal de navettes en annexe ; Ce matériel contient des médicaments et instruments pour les sagefemmes, les dentistes, un siège pour cabinet dentaire, une mallette de dentiste avec roulettes et autres, deux groupes électrogènes. De quoi couvrir le pont de Morgane. Nous accueillons à bord nos trois hôtes. La cohabitation est très sympa.
Nous levons l’ancre, Morgane bien chargé et mouillons à Djifere où nous rejoignent deux autres bateaux (YOBALEMA et CRIQUET) participants à cette mission médicale de VSF.
Le lendemain nous empruntons le bolon de Gokhor et mouillons à proximité du village de Dionewar. La mission va se dérouler sur les villages de Falia et Dionewar. Anna assure des soins dentaires une semaine dans chaque village, d’autres font à l’école des séances de sensibilisation sur la prévention des caries dentaires,  des maladies comme le palud, le choléra.  Des sages femmes font des consultations en aidant les matrones ou les sagefemmes sénégalaises, des causeries autour de thèmes ciblés (hyper tension, diabète, palud, planning familial) sont animés avec les villageois (surtout des femmes).
Noëlle et moi sommes en charge d’une enquête sur l’eau dans les deux village : ressources, approvisionnement, hygiène relative à l’eau, assainissement.
Beaucoup de villages du Saloum souffrenn du fait que les puits fournissent de plus en plus d’eau saumatre. De plus , avec l’avancement de la saison sèche, les puits souvent se tarissent. L’eau fournie par les puits ou les forages doit être purifiée avec de l’eau de javel . Quant à l’assainissement, il est inexistant pour les eaux grises, pour les eaux noires les latrines deviennent habituelles.
Pour mener à bien cette enquête, nous avons rencontré beaucoup de personnes depuis le chef de village, aux femmes portant leurs bassines sur la tête en passant par les responsables de comité d’hygiène.  Nous avons aussi dû nous promener dans les villages et leurs alentours : aller voir l’état des puits, enquéter sur le prix de l’eau aux fontaines, recenser les récupérateurs d’eau,  rentrer dans des cuisines ou des latrines…. Toutes ces rencontres et déambulation nous ont permis d’appréhender le quotidien des femmes qui sont responsable de l’approvisionnement en eau de la famille. Quotidien où beaucoup de temps et d’énergie sont dépensés à puiser et porter l’eau. Toutes les personnes à qui nous avons parlé ont été très accueillantes et nous avons fini cette mission plus riches de toutes ces rencontres.
Pensée spéciale à Ibrahima qui créateur et responsable de la case de santé de Falia bénévole depuis 1977. Il y fournit les premiers soins médicaux avec le peu de moyen du bord mais avec dévouement, une matrone assure les accouchements.
Pensée spéciale aussi à Fatima pêcheuse de coque qui 6 jours sur 7, à marée basse va chercher des coques. A moitié dans l’eau elle passe plusieurs heures,  courbée en deux,  à tamiser la vase avec un bidon troué pour ramener une bassine pleine de coque, qu’il faut ensuite ébouillanter dans de grandes marmites, ouvrir, trier, pour faire sécher la chair sur un drap dans la cour qui sera vendue alors 1000 francs. Fatima qui trouve encore le moyen de rire et de se raconter avec nous autour du tri des coquilles.

Nous avons bien aimé le village de Falia assez petit, en fin de semaine, les gens nous connaissaient par notre nom.
J'ai bien aimé l'ambiance du port de Dionewar avec les pêcheurs qui me parlent de Concarneau en recousant les filets, les charpentiers navals qui construisent les pirogues de 20m avec comme seuls outils marteau, scie et chignole à main, herminette et en récupérant les planches des anciennes.. Tous les jours j'allais suivre l'avancement d'une construction
.
Après ces quinze jours les équipes médicales remontent en bus sur Dakar. CRIQUET et nous remontons avec nos voiliers par un temps trop calme et un vent trop de face.
Nous retrouvons Dakar pour quelques jours.
Nous pensons quitter le Sénégal mardi 3 décembre pour une navigation de 3 jours qui nous mènera aux Iles du cap Vert.
A suivre….


Puits à sel



Le bateau au mouillage à Diamniadio
Ibis

femme revenant de la fontaine

Serveur de thé

Trieuse de bissap


Chargement de matériel médical
Le boulanger de Dionewar


Les patients attendent devant la case de santé de Falia

les soins dentaires

Séchage des coques

L'arbre à palabre de falia et son marché artisanal.




départ en pirogue pour la pêche aus coquillages

Une partie de l'équipe à l'apéro sur Morgane

Notre repas au poste de santé

Causerie des femmes sous l'arbre à palabre


Causerie pour les femmes






Pesée des bébés

Les femmes nouent leur pagne sur les cocotiers et partent pêcher les coques


Calfatage de pirogue

Noelle parlant botanique avec Momo




Les amas coquillés

Ouverture et tri des coques

Coucher de soleil à Niodor

Deux passagers entre le Saloum et Dakar

Pêcheur à Dakar au lever du soleil

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