jeudi 25 mai 2017

Les Marquises

Les Marquises Avril-Mai 2017

Des montagnes ancrées au milieu de l'océan, les iles habitées les plus éloignées de tout continent. Pourquoi et comment les hommes sont arrivés sur ces iles contre vents et courants dominants, cela reste toujours un mystère.
Leur population qui était d'une centaine de milliers de personnes avant que les européens n'arrivent est tombée à 2000, ravagée par les guerres, les maladies et l'alcool; elle est actuellement de 8 000 habitants.

Pour nous qui arrivons après trois semaines de mer, c'est une explosion de couleurs , de senteurs et de verdure et nous sommes émus par l'accueil des marquisiens, très avenants, toujours prêts à discuter. Chaque fois que nous revenons du village Hanavave à Fatu Hiva , nous regagnons le bateau chargés de pamplemousses, citrons ou autres bananes et papayes. Ces cadeaux n'attendent pas forcément de contrepartie. Les marquisiens ne sont pas dans un processus d'accumulation d'argent mais plutôt dans l'échange de cadeaux ou dans le troc.
Il faut dire qu'ici la nature est généreuse et qu'il y a peu de magasins pour dépenser son argent. Le ravitaillement de ces iles est effectué par la goélette (qui n'a plus rien d'un bateau à voile) qui passe une fois toutes les 3 semaines et ramène sur Tahiti les fruits et le coprah (chair séchée de la noix de coco : production agricole principale de la polynésie, subventionnée afin de maintenir une activité économique sur les archipels).

Les marquisiens sont fiers de leur identité culturelle à commencer par leur langue qui n'est pas comprise des autres polynésiens. Ces dernières années de nombreux maraes ont été restaurés (ancien lieux de culte) ainsi que des tikis (sculpture de pierre des divinités) Les marquisiens excellent dans le travail des tapas ( dessins sur des écorces d'arbres dont le liber est travaillé jusqu'à lui donner la texture d'un parchemin),la fabrication du monoï, l'art du tatouage, les chants et danses, la sculpture de la pierre, du bois, des os, des dents de cochons ou de cachalots,la pratique du surf et du va'a (pirogue à balancier),sans oublier la pêche et la chasse à la chèvre et au cochon sauvage. Malgré cette identité culturelle forte, les marquisiens sont très accueillants avec les étrangers (cela viendrait de la necessité du métissage pour éviter la consanguinité).mais aussi car dans chaque famille il y a des parents ou des enfants qui vivent à l'étranger.

Nous avons été surpris par le noyau familial évolutif : il y a beaucoup d'adoptions de petits-enfants par leurs grands-parents ou de neveux et nièces par leur oncle et tante pour pallier un départ ou une infécondité.

Une autre surprise est le nombre de transgenres et la bonne  acceptation de leur différence par la société: Mahu et Rae Rae. Plusieurs explications : à l'époque des guerres des garçons étaient déguisés en fille pour éviter d'être tués par l'ennemi, et, jusqu'à nos jours il est bien que l'ainé des enfants soit une fille pour s'occuper des parents vieillissant, si l'ainé est un garçon on le considère comme une fille et on l'éduque comme tel. Cela rejoint le « on ne nait pas femme on le devient » de Simone de Beauvoir.

Nous sommes allés dans les six îles habitées. Nous avons mouillé partout dans de superbes sites, mais la plupart avec du roulis, beaucoup de fond et une eau très rarement claire en raison des pluies abondantes que nous avons subies.

Fatu Hiva :
C'est avec émotion que nous y avons débarqué après notre traversée depuis les Galapagos réalisant le rêve d'arriver en Polynésie en voilier (dans le sillage des grands navigateurs qui ont peuplé mes lectures de jeunesse et de Jacques Brel). C'est aussi l'île où nous avons reçu le meilleur accueil, vu nos premières marquisiennes avec des couronnes de fleurs sur la tête ou la fleur de tiaré derrière l'oreille.
Le mouillage dans la baie des vierges (ex baie des verges en raison de pics rocheux phalliques rebaptisée par les missionnaires) est magnifique au bord de falaises rocheuses découpant une vallée profonde. La balade qui mène jusqu'au village d'Omoa offre des points de vue sublimes sur le mouillage, les sommets environnants. Elle m'a laissé des courbatures pour une semaine (manque d'entrainement après la traversée) et à Noelle des plaies d'ampoule qui mettront un mois à cicatriser!
Un moment spécial d'émotion : pour la messe de Pâques Umberto a débarqué de son catamaran sa mère de 90 ans sur la chaise roulante sous le regard admiratif et bienveillant de toute la population du village...
C'est aussi à Fatu Hiva que nous avons retrouvé les copains navigateurs de Meli Mela, Toumim, Panamax que nous reverrons tous au gré de nos escales marquisiennes. Nous y rencontrons aussi le bateau Minimus, un bateau américain de 7m arrivant de Californie sans moteur, les avirons permettant les manoeuvres de port et de mouillage..

Tahuata :
Nous avons rejoint nos amis Québequois Aline et Luc du bateau Oceana 1 dans la baie de Motupu. Nous mouillons à côté d'eux mais la chaine se prend dans du corail. En essayant de la dégager le davier se casse. Le lendemain je plonge avec les bouteilles dans une eau boueuse où on ne voit pas à 20cm pour dégager la chaine. Luc nous a bien aidé  dans la manœuvre de remontée de l'ancre.
Nous avons préféré le mouillage de la baie de Hanamoenoa, peu de fond et eaux claires permettant de trouver une zone de sable pour mouiller l'ancre sans risque.

Hiva Oa :
L'île où Paul Gaugin et Jacques Brel ont vécu. Ils reposent tous les deux dans un cimetière sur le haut du village avec une vue imprenable sur la baie. J'ai regretté de ne pas avoir eu des CD de Brel pendant la traversée, j'aurais aimé faire écouter à l'océan la voix inoubliable de cet homme qui lui aussi a traversé les océans pour venir s'installer ici; on se questionne pourquoi ici où tout vit au ralenti , lui qui était un hyper actif, sûrement en raison de la gentillesse et du naturel de la population à des années lumières de l'ambiance showbiz de l' Europe..
Nous louons une voiture avec Françoise et Joël de Toumim ,traversons l'ile recouverte d'une végétation luxuriante de forêts de pins noirs et de pandanus, et visitons les villages de la côte nord. Avec Meli mela nous faisons deux magnifiques mouillages sur la côte nord un peu rouleurs comme toujours aux Marquises. Jean Marie part avec un marquisien à la chasse au cochon sauvage et revient avec une chèvre ! Nous allons dans une vanilleraie sans vanille car l'abondance des pluies a empêché la floraison. Nous rendons visite au peintre Oberlin qui fait de très belles peintures sur tapa, ses oeuvres originales valent vraiment le détour. En une nuit de navigation nous rejoignons l'ile de Ua Huka.

Ua Huka :
Mouillages en solitaire avec Meli mela
Premier mouillage dans la baie d'Hane avec deux pitons à l'entrée ou nous faisons un débarquement chahuté et bien mouillé (annexe retournée heureusement sans moteur) dans les rouleaux. Le village est très paisible, les seuls bruits sont ceux d'un sculpteur.
Nous quittons ce mouillage trop agité pour la baie de Haavei plus calme près d'un motu (ilot) couvert d'oiseaux. Le site est impressionnant et nous gratifie de superbes couleurs sur les falaises au sommets desquelles les chevaux sauvages paissent dans la prairie.
Avec Jean Marie nous allons à la pêche sous marine . Il ramène 4 poissons et moi rien! Il faut dire que je suis novice, j'ai acheté mon fusil à Panama, je n'ai pas encore tiré un poisson.
Nous quittons pour Nuku Hiva en escortant Meli mela dont le moteur  fume blanc.

Nuku Hiva
La plus importante des iles, le mouillage de Taiohae y est plus agréable car moins de fond, plus de place et moins de houle. Par contre ce n'est plus un mouillage solitaire : il y a pas mal de voiliers.
Nous profitons de l'escale pour installer le nouveau génois (que nous avions réceptionné à Colon-Panama) et bricoler une réparation du davier.
Sur le port les pécheurs attirent les requins en vidant leurs poissons. Ils sont inquiets car de gros chalutiers vont venir pêcher le thon dans le coin : « Qu'est ce qu'on va devenir? Bientôt on va pêcher des pierres »
En voiture nous allons dans les villages du nord, les points de vue qu'offrent les pitons rocheux, la forêt tropicale et la côte découpée sont splendides. Les villages paraissent complètement endormis, les panneaux électoraux avec la tête de Marine Le Pen ont quelque chose de surréaliste ici au bout du bout du monde. De chez Suzanne nous repartons la voiture chargée de bananes, pamplemousses, citrons, n'ayant rien a donner Noelle lui laisse son chapeau que Suzanne promet de mettre pour aller à l'église...
Le mouillage de Akatea épouse parfaitement la forme du cratère qui le compose. On est abrité sur 360° au pied de majestueuses falaises. Belle balade à la cascade au fin fond d'une vallée encaissée et repas chez Taiki et son épouse qui sont très natures : lui est complètement tatoué sur la moitié du visage et porte un monumental collier de dents de cochons sauvages qu'il chasse au poignard!
Un peu tristes nous abandonnons MeliUmela en attente de la pièce pour leur moteur et rejoignons Ua Pou la dernière des iles habitées des Marquises.

Ua Pou
Le mouillage de Hakahetau est spectaculaire car au bout de la baie se dressent des pics dont les nuages ne laissent entrevoir les sommets(1200m) que très rarement.
Visite chez Yvonne qui fabrique des chapeaux avec les palmes, chez Manfred personnage allemand haut en couleur qui fabrique du chocolat perdu au milieu de la forêt.
Repas organisé sur la digue par des villageois pour les voiliers de passage.

Après ce mois passé aux Marquises il nous faut les quitter, la tête remplie de la beauté de leurs paysages et le coeur de la gentillesse de leurs habitants.

Pour les voileux :

En général les mouillages sont rouleurs et profonds
Bien que le port d'entrée soit Hiva Oa ou Nuku Hiva, nous sommes entrés à Fatu Hiva. Nous n'avons pas été contrôlés et personne au mouillage ne l'a été.
Internet est très peu développé. Sur les Marquises quelques WiFi payant avec une carte Vini.
Fatu Hiva : Mouillage Baie des vierges POS 10°27.811S 138°40.169W 20m de fond et la falaise au Nord n'est pas très loin. Le mouillage en fond de baie est parait-il de mauvaise tenue (gravier). Débarquement an annexe dans le petit port au fond à gauche.
Tahuata :
Mouillage à Motupu devant la digue mais attention corail, on y a laissé la moitié du davier à déconseiller POS 09°54.197S 139°03.751 W. Préferer se mettre plus au nord.
Mouilage baie de Hanamoenoa POS 09°54.479S 139°06.318 sable, mais faire attention au corail.
Hiva Oa :
Atuona :Mouillage à l'abri de la digue POS 09°48.233S 139°01.906W -m de fond: mais peu de place. Certains mouillent avant et arrière, d'autres pas problèmes assurés si le vent tourne, de plus quand une goelette arrive ceux qui sont au dela des marques jaunes doivent dégager et les autres peut être aussi (on n'y était pas). A l'extérieur de la digue très rouleur et pas mal de fond. Internet au sémaphore au dessus du chantier. Débarcadère dinghy pas terrible, il est préférable de mettre un grappin arrière mais beaucoup de chaines et corps morts au fond et les requins trainent... Le mouillage est assez loin du centre village mais le stop marche bien. Formalité d'entrée à la gendarmerie.
Baie de Hanamenu : POS 09°45.826S 139°08.395 W par 10m de fond (on avait mis un orin mais avec le courant il arrivait que l'on se retrouve sur sa bouée!)
Baie de Hanaiapa POS 09°42.852bS 139°00.959W par 15m de fond on débarque en annexe sur un débarcadère du coté est.
Ua Huka :
Baie de Hane : POS 08°55.704 S 139°32.067W 9m de fond. Privilégier le débarquement en annexe avec les avirons, sacs étanches et lunettes attachées s'il y a du ressac. (ou mouiller l'annexe et nager jusqu'à la plage).
Baie de Haavei : POS 08°56.668S 139°35.781W 11m de fond.
Nuku Hiva :
Baie de Taiohae : POS 08°55.064S 140°05.864W 12m de fond
Baie de Hakatea : 08°56.721S 140°09.921W 10m de fond . Bon abri, mais les rafales peuvent y être, parait-il, très violentes.
Ua Pou :
Baie de Hakahetau POS 09°21.380S 140°06.375W 14m de fond

Les Marquises loin de tout continent

Morgane se repose après la traversée dans la baie des v(i)erges

Fatu Hiva : Morgane est le deuxième bateau à partir du haut


Fatu Hiva en descendant sur Omoa

Ramboutans famille des Lytchies

Tapas : peinture sur écorce

Fatu Hiva : Coucher de soleil sur le mouillage
Fatu Hiva : On nous offre des mangues


Les pamplemousses des marquises


Bananes à cuire

La trdition du tatouage

Umberto et sa maman le jour de paques à Fatu Hiva

Noëlle enseigne la confection des filets

Une autre ile en vue

12 coqs ont été nécessaire pour ce chapeau traditionnel

La fleur de YlangYlang

Tiki ancien sur Hiva Oa


Mae ancien lieu de culte


La fleur de tiaré au parfum subtil

Séchoir à coprah

Les hommes portent souvent ces gros colliers avec les dents de facochère


La tombe de J Brel

En partance à la chasse au cochon il vient nous saluer
Nos gaillards partent à la chasse sous la pluie

Et reviennent avec une chèvre!




Meli mela et Morgane au mouillage Ua Huka




La graine de Tamanu qui guérit piqures et plaies

Le mouillage de Taiohae

La fleur de Pandanus utilisée pour le monoï

En partance pour la chasse sous marine



Pandanus (ou arbre qui court) utilisé pour les tapas

Sur la côte nord de Nuku Hiva


Belles gousses de vanille


Souvenir d’anthropophagie

Mouillage solitaire


Cascade de Vaipo



Mouillage à Ua Pou



Le Tiki de Ua Pou nous souhaite au revoir et bonne navigation

1 commentaire:

  1. Merci pour les photos de rêve et vos nouvelles gros bisous de nous deux

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